La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Scénario : Marie et Thierry Gloris
Dessin et couleur : Joël Mouclier
Editions : Delcourt
 

En 51 avant JC, la jeune et belle Cléopâtre monte sur le trône d’Egypte. C’est une femme dans un monde régi par les hommes. Mais Cléopâtre sait user de ses charmes et réussit à conquerir le pouvoir.
Une nouvelle fois, le couple Gloris écrit une biographie détaillée mais facile à lire et magnifiquement mise en image par Joël Mouclier.
 
Ses aïeux chevauchaient aux côtés d’Alexandre le Grand lors de la conquête de la Perse. Le sang des Layides de Macédoine coule dans ses veines. En cette année 51 avant JC, la jeune Cléopâtre remonte le Nil vers Memphis, et vers son destin. Fille bâtarde de Ptolémée Aulète, elle n’a que 17 ans lorsqu’elle accède au pouvoir en épousant son petit frère Ptolémée. Face à ce gamin, elle impose son autorité, n’hésitant jamais à rabaisser le jeune Pharaon.
Sur l’autre rive de la Méditerranée, la lutte entre les deux proconsuls fait rage. C’est César, en passant le Rubicon, qui démarre les hostilités. Pendant qu’il parade dans Rome, Pompée, son rival, prépare sa contre-offensive. Tous deux cherchent des alliés et l’Égypte est un maillot primordial pour le ravitaillement de l’impérieuse cité. Fort de ce rôle, le couple pharaonique, sous l’influence de Cléopâtre, décide de rester neutre. Elle espère ainsi regagner la liberté. Cette liberté dont la reine fait preuve dans sa vie sexuelle, usant des armes dont les dieux l’ont pourvue. Malheureusement pour elle, son mari supporte de moins en moins d’être rabaissé et il finit par ordonner son assassinat. Cléopâtre échappe de justesse à la mort et tente de reprendre la main. Mais ce qui se passe à Rome a toujours un impact dans tout l'empire, et l'Egypte ne fait pas exception.
 
Même égyptienne, Cléopâtre est probablement la reine la plus célèbre d'Occident. Oubliées Marie-Antoinette et la reine Élisabeth, la pharaonne est l’objet d’un véritable culte mondial. J’en veux pour preuve l’immense quantité de films et autres documentaires qui lui sont consacrés. Et si cela ne suffit pas à vous convaincre, regardez la pléiade de stars qui ont incarné la reine des reines. De Colette Colbert à Monica Bellucci en passant par Liz Taylor, toutes ces actrices ont ajouté une pierre au mythe Cléopâtre. Il faut dire que le peu de sources disponibles permet aux scénaristes toutes les excentricités. Seulement ici, c’est le couple formé par Marie et Thierry Gloris qui rédige le script. Formés à l’université de Bordeaux, à la faculté d’histoire, ils livrent un véritable travail d’historien. Ce premier opus s’attarde sur les jeunes années de la reine : depuis son couronnement jusqu’à sa rencontre avec Jules César. On découvre une femme libre, une reine qui n’hésite pas à utiliser les armes que les dieux lui ont données pour parvenir à ses fins, une reine dans un univers d’hommes. Même si certains passages sont romancés, je pense particulièrement aux rêves de la pharaonne, le récit est extrêmement cohérent. Cohérent aussi, le dessin de Joël Mouclier. Le dessinateur Rochelais a l’habitude de travailler avec la famille Gloris (Méridia, Champs d’honneur). La complicité semble parfaite et cela se ressent la lecture. Fortement inspiré de Liz Taylor, Cléopâtre est sublime, tant vétue que dénudée. Charmante, elle n’en est pas moins bourrée de charisme, unique femme dans un album d’homme. Elle éclipserait presque le travail réalisé sur les décors et les scènes d’action. Mais après tout cet album porte son nom.
 
La collection Les reines de sang compte donc une nouvelle pensionnaire. Qui pouvait imaginer l’absence de Cléopâtre, la reine des reines dans cette série. On peut se rassurer, cette Cléopâtre est à la hauteur de la collection …  et de sa réputation.

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