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La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Bandeau de l'article Est-Ouest

Est-Ouest

Est-Ouest

Scénario: Pierre Christin
Dessin et couleurs: Philippe Aymond
Editions: Dupuis

 
A travers ses mémoires, Pierre Christin évoque à la fois le grand ouest américain et les paysages de l'Union Soviétique. A travers ses voyages, il nous raconte la genèse de certaines de ses œuvres mais dresse surtout le portrait d'un monde bipolaire.
On connaît tous les talents de conteur de Pierre Christin qui prouve une nouvelle fois, s'il en était besoin, qu'il fait partie des immortels de la Bande Dessinée.
 

1965, le jeune Pierre Christin débarque aux États-Unis. Au programme du jeune professeur de littérature française, l’interminable voyage dans le bus Greyhound avec son lot de surprises, de l’air conditionné à l’absence d'eau plate dans les distributeurs de boissons. Sa destination: Salt Lake City, la capitale des Mormons. Devant le Directeur de l’Université ou face à une agent immobilier, Le petit frenchie n’est pas au bout de ses surprises: pas de voiture!  pas de souci! direction le Crédit Union des Professeurs. Pas d’argent pour régler le premier loyer de votre logement! pas de souci ! le Crédit Union des Professeurs vous signale un papier et vous êtes chez vous! Malheureusement il en va des surprises comme des rencontres, certaines sont bonnes et d’autres nettement plus mauvaises et dans ce monde sauvage, les vendeurs de voitures sont les pires des vautours.

Heureusement, un soir, derrière le grillage anti-moustiques apparaît la silhouette familière de Jean-Claude Mézières, travaillant comme cowboy dans un ranch du Montana voisin. Ensemble, ils vont parcourir les contrées de l’Ouest américain. De plus en plus débiteur des banques, Mézières lui propose de travailler avec lui pour un nouveau magazine français, un certain Pilote. Avec l’argent récolté, Pierre Christin embarque sur le France pour rentrer au pays. Mais le retour est de courte durée car, en cette période de guerre froide, le bloc soviétique est trop secret pour ne pas susciter la curiosité du duo Christin/Mézières. Dans les pays satellites puis dans l’antre même de la Bête Soviétique, ils découvrent des paysages gris et tristes dans
 
lesquels la population conserve toujours la chaleur dans leur cœur et l’espoir chevillée au corps.

Pierre Christin est un merveilleux conteur. Il n’est qu’à voir son incroyable bibliographie pour s’en convaincre. Néanmoins, le créateur de Valérian et Laureline c’était toujours refusé à évoquer sa propre vie, peut-être par crainte du narcissisme. Finalement, il a accepter la proposition de Jean-Louis Bocquet et le choix de faire une bande dessinée s'est fait tout naturellement. En effet, le scénariste a rapidement opté pour un cadrage intérieur, subjectif, nettement plus compliqué à faire passer dans un roman qu'en BD. Il décide de ne se concentrer que sur ce qu’il a vu, comme il l’a toujours fait. Il faut dire qu’à l’instar de nombreux papy boomer (j’espère qu’il m’excusera du qualificatif), Pierre Christin a traversé la seconde moitié du 20e siècle en tant que spectateur attentif et, chose rare, il a voyagé des deux côtés du rideau de fer. Sans chercher à tout prix l’objectivité journalistique, il nous livre sa vision du monde, n’hésite jamais à critiquer ou à s’enthousiasmer sur ce qu'il a vu. Il évoque avec émotion ses rencontres avec des auteurs tels que Mézières (omniprésent), Enki Bilal ou encore Jean Giraud alias Moebius et ainsi nous raconte la genèse de certains de leurs ouvrages. Le second choix important a fait de Philippe Aymond le dessinateur de ces mémoires. Oublié le style futuriste d’Apocalypse Mania, le dessinateur de Lady S adopte un style réaliste toujours aussi percutant. Aussi à l’aise dans le grand Ouest américain qu'à Budapest, Philippe Aymond fait légèrement évoluer son trait pour coller à l’époque racontée. Il joue également sur les couleurs, passant d'un Far West chatoyant à la grisaille parisienne, des intérieurs chaleureux des Hongrois à la pollution des grandes villes de l’Est. Il fait enfin évoluer ses couleurs en fonction de l’état d’esprit du narrateur.

Au final, le lecteur obtient une belle œuvre, une grande et belle œuvre. Je n’aurai qu’un mot pour conclure: "Longue vie à Pierre Christin!!"


Cédric
Chroniqueur
La Bande Du 9


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