Interview - Sukeban Turbo
Bonjour Sylvain, on te retrouve pour une nouveauté chez Glénat Comics et nous n'avons pas résisté à l'envie de te poser quelques questions
D'où t’ai venu cette idée de Sukeban?
Cette idée date de quelques années déjà. En 20O7, lors d'un séjour au Japon, dans une gare, j'ai repéré une bande de filles au look particulier, des uniformes de lycéennes détournés selon des code trash/streetwear, elles fumaient en dévisageant d'un air mauvais les gens sur le quai. J'étais avec l'auteur François Amoretti, qui connait bien le Japon, et je lui ai demandé qui elles étaient, c'est là qu'il m'a parlé du mouvement Sukeban, et j'ai trouvé intéressante cette forme de contre-culture qui venait bousculer les stéréotypes masculins/féminins, l'anti "Kawaii" absolu, des clichés très présents dans la culture japonaise, mais aussi dans beaucoup d'autres pays, le notre inclus, et ça m'a donné envie d'écrire une fiction les concernant.
La culture japonaise, un scénariste, un dessinateur et un éditeur français. Tout cela pour conquérir les États-Unis, n'est pas un peu osé ?
Il n'a jamais été question de conquérir qui que ce soit, même si des éditeurs US ont déjà manifestés de l'intérêt pour éventuellement publier notre projet là-bas, rien n'est fait, on verra bien. Maintenant, si les lecteurs, en France et ailleurs, sont au rendez vous, tant mieux ! Mon éditeur chez Glénat Comics, Olivier Jalabert, est depuis des années un grand monsieur du Comics en France, faire un projet comme "Sukeban Turbo" avec lui, aux côtés d'un auteur déjà très reconnu aux Etats-Unis comme Victor Santos, c'était vraiment une belle opportunité ! Pour répondre à la question, si j'ai fini par mettre en scène ces Sukebans à New York, aux USA, c'est parce que les cultures européennes, japonaises, nord-américaines se croisent de plus en plus, notamment en Bande Dessinée, et que j'avais envie d'imaginer comment une adolescente New Yorkaise pouvait ré interpréter ce mouvement japonais à l'origine. Mais ce qui anime les Sukebans, cette rage, cette révolte, cette violence, ce goût de la provocation, c'est quelque chose qui est commun à énormément d'adolescents sur beaucoup de continents.
Comment t'y es tu pris pour t'arrêter aux caractéristiques du Comics?
Je suis un grand lecteur de comics et de graphic novels, les auteurs anglosaxons m'ont dés le départ beaucoup inspirés dans leur narration, Alan Moore, Brian K. Vaughan par exemple, et j'avais déjà écrit "Sonar" avec Chee Yang Ong, dans la collection Flesh & Bones de Glénat, qui est un comics aussi, donc ça ne m'a posé aucun problème, ce type d'écriture me vient très naturellement. Et puis Victor Santos a sublimé tout ça avec son incroyable sens de la mise en scène !
Notre chroniqueur fait référence à Orange mécanique, à Kill Bill et Taxi driver. Kubrick, Tarantino et Scorcesse, flatté ?
Evidemment ! Et il se trouve qu'"Orange Mécanique" est une vraie source d'inspiration pour moi concernant "Sukeban Turbo". Une bande d'adolescentes qui veulent briser des tabous, s'affirmer contre la société, par la violence, il y a de toute évidence un lien.
Les adoptions cinématographiques de Comics sont nombreuses, si on te le proposer, qui vois tu dans la peau de Shelby? Et dans celle de Sam?
Bonne question : pour Shelby, je verrais bien l'actrice Shyrley Rodriguez, qui joue le rôle de Regina Diaz dans "The Get Down", la série de Netflix sur l'histoire du Hip Hop. Pour Sam, je pense à un acteur norvégien, Henrik Holm, qui joue le rôle d'Even dans la série déjà culte "Skam". Je pense que les deux seraient parfaits :) Sinon, puisqu'on parle de possibles adaptations, notre autre série chez Glénat "Le Chant des Runes" avec Jean-Charles Poupard a été optionnée en vue d'une éventuelle adaptation en série TV par une société de production scandinave, comme quoi, la BD franco-belge continue d'intéresser aussi dans ce domaine là !
