La bande du 9 : La communaut du 9ème art

La crue de 1958 est en train d’isoler petit à petit les habitants du massif des Cévenols. Au fur et à mesure de la montée des eaux, un père et son fils se retrouvent coincés dans leur maison encerclée par les eaux. Tels deux naufragés sur une île, les deux hommes vont faire remonter leur histoire et leurs secrets de famille. « L’île aux remords », un nouveau succès narratif et graphique pour le duo Quella-Guyot / Morice.
 
30 Septembre 1958, des trombes d’eau s’abattent dans les massifs Cévenols provoquant une crue mémorable. Au fur et à mesure de la montée des eaux, l’inquiétude grandit parmi la population. Mais chez les anciens, au bistrot du village on reste sereins et les patriarches continuent à refaire le monde. Seul le Docteur Pujol semble inquiet d’avoir laissé « le vieux ». Malgré les interdictions Jean Pujol prend sa voiture et va rejoindre cette maison isolée pour prendre des nouvelles de ce vieux qui n’est autre que son père.
Coupé du monde par cette crue, les deux hommes vont devoir cohabiter alors que leur relation sont tendu voire inexistante. Mais cet isolement va les rapprocher et les langues vont se délier pour leur permettre de remonter le temps, refaire l’histoire, leur histoire.
 
 
Didier Quella-Guyot et Sébastien Morice sont de nouveau réunis pour nous embarquer cette fois-ci du côté du Midi. Ce duo est une sacrée équipe gagnante car après « Papeete », « Facteur pour femmes », « Le café des colonies », c’est de nouveau un succès que laisse entrevoir « L’île aux remords ».
Cette continuité et ces succès ne sont sûrement pas dus au hasard. Les deux auteurs ont une grande complicité, il est évident qu’ils donnent le meilleur d’eux même dans chacun de ces ouvrages
Mais revenons plus particulièrement à « L’île aux remords ». Cette fois-ci destination le Midi et la Guyane pour faire voyager le lecteur. Didier Quella-Guyot comme à son habitude, va utiliser des faits historiques pour placer ses personnages et développer son récit. Les crues de 1958 et les bagnes de Cayenne font partie de ces ingrédients.
 

Et comme d’habitude, à l’image du père de Jean qui possède une multitude de livres mais qui n’a jamais voyagé, l’auteur arrive à transporter le lecteur dans le temps et à lui donner du rêve. Malgré que ce livre soit fraîchement sorti de l’imprimerie, il sent bon l’histoire d’antan, les histoires à la Pagnol.
Au delà du contexte, l’histoire de « L’île aux remords » n’est pas uniquement destinée à nous faire voyager. C’est beaucoup plus complexe que cela. L’auteur va utiliser l’isolement des deux personnages pour faire ressortir des vieux secrets de famille, des choses inavouées et le puzzle qui malgré la complexité de l’arbre généalogique de la famille Pujol va se dérouler avec une fluidité narrative permettant au lecteur de ne pas décrocher un seul instant pour finir avec une fin des plus surprenantes.
Voyages, faits historiques, jeux de rôle entre les personnages, chaque lecteur  trouvera son compte de satisfaction.
 

Rajouter à cela le dessin de Sébastien Morice qui gravit d’album en album les marches qui le conduisent au statut d’auteur incontournable. Graphiquement, on ne sait plus où donner de la tête, il utilise tous les outils et maîtrise à la perfection son découpage entraînant le lecteur dans des plongées, contre plongées  ce qui donne un dynamisme à l’album alors que nous sommes dans une histoire et un lieu plutôt passif. Une très belle réussite accompagnée de couleurs tellement … Que je n’ai même pas de mots pour les décrire !
« L’île aux remords », encore un album incontournable du duo Didier Quella-Guyot , Sébastien Morice.

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