La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Le fils de Louis XVI et Marie Antoinette n’est pas mort à la prison du temple. Il s’est échappé grâce à l’aide de sa nourrice. Il a rejoint l’ordre alchimiste des chevaliers d’Héliopolis.  C’est cette histoire, mélange de réalité historique et d’ésotérisme qu’Alejandro Jodorowsky nous raconte. Le tout est superbement mis en image, comme d’habitude par Jérémy. A lire sans modération.
 
Dans les montagnes reculées du nord de l’Espagne, dans un château lugubre, le grand ordre des chevaliers d’Héliopolis s’apprête à accueillir un nouveau membre. Mais avant que le novice ne devienne un frère alchimiste, il doit encore réussir deux épreuves. Dix sept, c’est son surnom, doit vaincre à mains nues un gorille humanisé avant de le défaire à l’arme blanche. Prouvant que l’intelligence et la rue sont plus efficaces que la force brute, Dix sept passe avec succès ces deux épreuves. C’est alors que le frère Fulcanelli, le maître de Dix sept, s’ouvre sur la véritable identité de son protégé. Il s’agit du fils de Louis XVI et Marie-Antoinette : Louis XVIII, qui a échappé à la mort et à la prison du Temple avec l’aide de sa nourrice. Afin de débuter son initiation, il doit réussir sa première mission : dérober la couronne de son ancêtre, Marie-Joseph, des mains de son oncle Louis XVIII.
 
Avouons-le d’entrée, le casting de ces chevaliers d’Héliopolis a de quoi faire rêver. À tout seigneur tout honneur, commençons par le scénariste. Est-il encore besoin de présenter Alejandro Jodorowsky ? Touche-à-tout de génie  (bd, cinéma,  mime…), capable de passer de la pure science-fiction (Méta Baron) au western (El Topo) en passant par des récits historiques intimiste (Pietrolino), le scénariste franco-chilien nous livre ici  une uchronie des plus réussi. Partant de la rumeur d’un échange d’enfants à la prison du Temple, il imagine la vie de Louis XVII. Mais attention, fils de roi,  cette vie ne peut pas être banale et on plonge dans un univers mystique où les gorilles parlent, où les alchimistes ont une longue vie et où certains enfants sont hermaphrodites. Ce premier album sert d’ouverture : il a pour but de faire découvrir le personnage principal. Par conséquent le récit est rythmé par de nombreux flashback. Ils sont tous toujours idéalement situés et apportent systématiquement des informations utiles. Surtout, Jodorowsky a réussi à mélanger l’invention à l’histoire (la goutte de Louis XVIII, l’assassinat de Marat), semant le trouble dans l'esprit du lecteur. Reste maintenant à confirmer dans les prochains épisodes.

Venons-en maintenant au dessin. Quiconque a déjà lu Barracuda sait de quoi Jérémy est capable. En effet, après avoir colorisé les dessins du regretté Philippe Delaby, le maître l’avait poussé auprès de Jean Dufaux. Cette histoire de pirates a véritablement propulsé le jeune dessinateur belge ; lui permettant au passage de clore La complainte des Landes perdues inachevée. On retrouve donc du Delaby dans cet album : mélange de réalisme extrême et de finesse. On découvre aussi un Jérémy moins sombre que dans Barracuda mais conservant toujours ce souci du détail, en particulier à l’intérieur de Versailles ou du Louvre. Enfin il confirme son talent à insuffler un charisme incroyable à ses personnages.
Vous n’aurez donc compris, les chevaliers d’Héliopolis étaient fort attendus et c’est sans l’ombre d’un doute qu’ils répondent présents. Vivement le tome 2 !

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