La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Alors que Révolution fait rage en Europe, les Chevaliers d’Héliopolis doivent faire face à une nouvelle menace : Napoléon Bonaparte.  Pour Louis XVII, c’est une nouvelle fois l’occasion de démontrer qu’il est digne d’intégrer l’ordre.
Après avoir posé ses personnages, Jodorosky se lance véritablement dans l’intrigue qui voit s’opposer Napoléon et Louis XVII. Le tout majestueusement mis en image par Jeremy.
 
1798, alors que toute l’Europe monarchique souhaite mettre fin à la Révolution française, le jeune Napoléon Bonaparte navigue vers l’Égypte à la tête de 400 navires, 40 000 soldats,  10 000 marins et d’un groupe de 174 savants. Parmi les membres d’équipage se trouve le comte de Saint-Germain.
 
Maîtrisant le tarot, il acquiert rapidement la confiance du général qui finit par lui confier le véritable objectif de cette campagne lointaine. Ce que le corse ignore, c’est que le comte de Saint-Germain est membre d’un ordre occulte : les chevaliers d’Héliopolis. Alchimistes, ils sont en possession de l’élixir de longue vie et voient en Napoléon une possible recrue. Du potentiel, il n’en manque pas mais sa soif de pouvoir et son absence totale de scrupule constitue une fin de non-recevoir. Malheureusement pour les chevaliers, au Caire, profitant de l’alignement des planètes, Napoléon a acquis un grand pouvoir et maintenant qui est empereur, il constitue une menace pour l’ordre. Ayant réussi la deuxième étape de son initiation, le jeune Louis XVII semble être la seule personne capable d’assassiner Napoléon 1er. Mais le novice envisage plutôt une autre solution…
 
Il y a deux choses qui motivent la lecture de ces Chevaliers d’Héliopolis. La première tient au pedigree de ses géniteurs. En effet, la simple évocation du nom de son scénariste suffit : Alejandro Jodorowsky !  Qu’on aime ou qu’on déteste l’œuvre du scénariste franco-chilien, force est de constater qui est toujours là où on ne l’attend pas et que son œuvre est particulièrement éclectique. Avec cette série, il succombe à la mode de l’uchronie. Mais attention, façon Jodorowsky ! Vous prenez une vieille légende monarchique, vous y ajoutez les personnages historiques bien réels  et vous saupoudrez le tout de mystérieux alchimistes possédant l’élixir de longue vie. Une fois tous ces ingrédients mélangés dans la marmite cérébrale du sorcier franco-chilien, vous obtenez un album rythmé par les ellipses et des flashbacks toujours opportuns où les personnages dégagent une aura exceptionnelle.
L’autre motivation de lecture vient de la somptueuse couverture de Jérémy. Une nouvelle fois, le dessinateur belge livre une copie d’une exceptionnelle finesse. Il a bien grandi celui qui a commencé comme coloriste pour Philippe Delaby. Malgré leur nombre, chaque personnage reste parfaitement reconnaissable et il ne manque que l’odeur de la poudre et du sang aux champs de bataille pour être plus réalistes. Chaque vignette, chaque planche constitue une véritable œuvre d’art. Œuvre, par ailleurs, sublimée par le travail de colorisation de Felideus.

Là encore le travail est diablement minutieux. Chaque feuille est différente et il en est presque de même pour chaque grain de sable. Chaque endroit bénéfice également d’un traitement différent apportant davantage de lisibilité à l’album.
 
De Moebius à Boiscommun , Jodorowsky a travaillé avec de très grands dessinateurs. Avec Les Chevaliers d’Héliopolis, il collabore pour la première fois avec Jérémy. Ensemble, ils évoquent l’immortalité et nul doute que c’est deux là entreront au Panthéon des auteurs de bande dessinée.

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