La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Après les événements de 1884, David Rochebrune a reprit sa vie quotidienne. En 1917, le fils qu’il a eu avec Sophie, la veuve de son frère, est mobilisé. C’est aussi à ce moment que le tsar l’invite en Russie, au chevet de la plus grosse cloche du monde. A Moscou, David va enfin réussir à comprendre l’énigme des cloches de Châtellerault.
Suite et fin de la sage familiale des maitres-saintiers, orchestrée de main de maitre par LF Bollee et magistralement mise en image par Serge Fino.
 
Octobre 1916, sur le quai de la gare de Poitiers, Vincent Rochebrune fait ses adieux à son oncle David. Comme tous les jeunes de son âge, Vincent est mobilisé mais pour Sophie, sa mère, l'inquiétude est maximale. Depuis le décès de Gaspard, la jeune femme s’est rapprochée de David son beau-frère et Vincent est né de cette relation hors mariage. Quelques jours après ce départ, un mystérieux émissaire du tsar Nicolas II vient  inviter David à Moscou afin de réparer Kolokol, la plus grosse cloche du monde ; fruit de la collaboration entre la fonderie Rochebrune et l’industriel Bizot. Cette visite faire remonter chez le maitre-saintier des souvenirs vieux de plus de 30 ans : l'intrigante Nadia, l'assassinat manqué du tsar et l'expédition au château de Fleshburn. Malgré les réticences de Sophie, David accepte l'invitation et après avoir traversé une Europe en guerre arrive finalement à Saint-Pétersbourg. S'il s'avère impossible de réparer la cloche, le tsar passe commande pour 4 cloches afin de jouer 1812 de Tchaïkovski. C'est cette musique qui va inspirer une solution à l'énigme des cloches de Châtellerault. Malheureusement pour David, la révolution éclate et le voyage retour n'est que la première étape d'un long périple qui laissera enfin apparaître la vérité.

Maitre-saintier. Voilà donc une profession assez méconnue du grand public. Ou plutôt, une profession connue sous son synonyme : fondeur de cloche. À travers cette profession quelque peu oubliée, Laurent Frédéric Bollee souhaite rendre hommage à ses ancêtres. Il ouvrait son intrigue en 1788. Il la clôture avec ce quatrième album en 1917. Après avoir effectué un saut de trois générations dans le précédent opus, on retrouve les mêmes protagonistes. David est devenu un homme mûr mais il conserve son amour de l'aventure. Il n'hésite pas une seconde à se relancer dans la quête de vérité sur Marie, laissant au passage Sophie et leur fils Vincent. Surtout, le scénariste vient une nouvelle fois nous surprendre en concluant chaque intrigue de manière assez spectaculaire. Il nous fait traverser une Europe en guerre afin de solder tous les comptes. L'ensemble est par conséquent dynamique et, même s'il y a quelques ralentissements, l'album se déroule aussi rapidement qu'un train à pleine vitesse. Si j’avais néanmoins un bémol à formuler, il serait sur la série. En effet, certaines ellipses étaient peu compréhensibles et cela laisse une impression de scénario tronqué et c'est dommage.
C'est toujours les mêmes complices qui mettent en images cette saga familiale. Le trait réaliste de Serge Fino est toujours aussi agréable et, une nouvelle fois, le dessinateur semble s'être éclaté à représenter les villes comme Moscou et Rome. Il n'en demeure pas moins un excellent illustrateur de l'Homme : chaque personnage acquiert une grande profondeur permettant de combler les failles d'un scénario rétréci. Quand aux couleurs de Zuzanna Zielinska, elles renvoient parfaitement aux ambiances de cette époque.


Présenté comme la nouvelle grande saga familiale, les Maitres-Saintiers semblent avoir été un peu raccourcis. Heureusement, Laurent Frédéric Bollee a conservé la substantifique moelle et vient clore la série d'une manière totalement inattendue. Si vous ne me croyez pas, courez découvrir la série !

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