La bande du 9 : La communaut du 9ème art

 
Shalin est une forteresse troglodyte installée dans une passe rocheuse au milieu du désert. Laissée à l’abandon pendant longtemps, elle connait une nouvelle vie quand Sékal y mène les renégats Drekkars et les Riddraks libérés de leur esclavage. Il espère y fonder une cité nouvelle, une société plus égalitaire. Mais ses plans sont bouleversés par l’arrivée du roi Riben des Fils de la Terre et des 200 hommes qui restent de son armée, ils sont poursuivis par les 10 000 hommes du roi Othar de Vériel qui veut achever le massacre. Pour ne pas arranger les choses, cette armée est rejointe par une large troupe de Drekkars chargée par leur empereur de châtier le traître Sékal. Un siège terriblement déséquilibré va alors débuter devant Shalin.
Cependant, Sékal disparait mystérieusement avant même le début du siège et part dans le but d’accomplir la prophétie des Riddraks. Ce départ est compensé par l’arrivée de Kiriel et de Fl’ar, dans la nef volante du peuple Iccrin, qui viennent prêter main forte aux défenseurs.  Tous les protagonistes sont donc rassemblés de part et d’autre des murailles de cette ancienne forteresse, le dénouement peut commencer…

 
Soleil nous avait habitué à de l’heroic fantasy grand public, et ses séries, qu’elles soient de qualité ou non, se caractérisaient par des intrigues simples privilégiant l’action, des personnages hauts en couleur mais stéréotypés et des univers manquant généralement d’originalité. Servitude, c’est tout le contraire. Le scénario aussi bien que le dessin sont poussés à un niveau d’exigence rarement atteint en BD. On se rend compte sans peine du travail nécessaire à créer un monde complexe et réaliste, avec ses peuples, sa politique, ses cultures, ses croyances… Et tout cela, sans tomber dans les clichés habituels du genre. Ce monde est surprenant mais crédible, d’une justesse incroyable et d’une richesse immense. Et quand un scénario d’une telle qualité est servi par un dessin exceptionnel, on sait qu’on a entre les mains une pépite du 9ème art. Éric Bourgier a un trait réaliste d’une élégance folle, tout respire la grande classe, des personnages aux armes. Et le dessin est si précis qu’on a l’impression de ressentir le poids des armures et le choc des épées. Les couleurs, d’une belle unité de tons sépia, et les jeux d’ombre et de lumière viennent parachever ce chef d’œuvre.

Pour en revenir à ce Livre V, l’histoire réunit tous les principaux protagonistes depuis le début de la série alors que les albums précédents, s’intéressants aux différents peuples, étaient peu ou prou indépendants (il y a des liens et une continuité indéniable mais les enjeux et les personnages pouvaient grandement différés d’une culture à l’autre). Tout doit donc se terminer dans cette forteresse du désert oubliée de tous et les thèmes politiques, sociaux et religieux de la série sont sur le point de trouver leur conclusion.
Initialement prévue en 5 tomes, la série s’achèvera finalement au prochain album, les auteurs s’excusant presque d’avoir été obligés de scinder leur dernier chapitre en deux volumes afin de ne pas devoir nous offrir une fin précipitée. Ils nous font, au contraire, un beau cadeau en prolongeant cette magnifique série d’un album supplémentaire.

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