La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Un brin de nostalgie flotte sur ce dixième et dernier volet des extraordinaires aventures d’Adèle Blanc-Sec où une multitude de personnages et références jalonnent les pages de cet album qui flirte de manière imprévue avec l’actualité en traitant d’épidémie bovine, de vaccin ou autre disparition d’enfants. Merci Monsieur Tardi pour ces belles années consacrées à l’héroïne la moins souriante des bacs.
 
 
Chez Raoul, au bar du coin, les habitués picolent des petits blancs secs. Et ce n’est pas l’ivresse qui leur fait sortir des tarentules des oreilles mais bel et bien l’élixir du docteur Chou. Ces symptômes ne sont que le début car ensuite les personnes se transforment en vaches. C’est le début de la pandémie bovine mise en œuvre par le Docteur Chou. Heureusement il existe un antidote mais ce dernier a été volé par Fiasco (l’homme masqué) qui ne veut pas faire fortune avec, au grand dam de Madame, mais qui veut sauver l’humanité. Pendant ce temps, Adèle Blanc-Sec sirote un Pisco avec sa vieille momie venue sur Paris pour un congrès avec des momies du monde entier en compagnie d’une momie Péruvienne. La nuit venue, Adèle Blanc-Sec est elle-même atteinte du mal étrange, en plus d’une rage de dent carabinée. Alors que chez Raoul, le bar s’est vidé, il ne reste plus que Gaston, qui déprime sur le devenir du bébé des Buttes-Chaumont, enlevé en 1918.
 

 
Ultime aventure d’Adèle Blanc–Sec, Jacques Tardi fermant le chapitre de cette série créée sous sa plume en 1976. Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc Sec reposent sur un personnage hors du commun. Tout d’abord c’est un personnage féminin, ce qui une rareté dans les années 70 à part si la jeune héroïne est un peu sexy ou très sexy or ce n’est pas le cas d’Adèle. Même si cette dernière n’est pas hideuse, ce n’est pas non plus un top model et l’auteur ne l’a jamais mise en situation provoquante, elle vit plutôt comme en Madame tout le monde, simplement, exerçant son métier d’écrivaine, elle écrit des feuilletons à l’image de Jacques Tardi. Quant à la série, elle est dans la lignée d’une ambiance à la Gaston Leroux ou encore Maurice Leblanc, un style, une ambiance, une période du début du XXème siècle, qui permet à l’auteur de mélanger Policier et Fantastique mais aussi Politique dans la même histoire. C’est ainsi que l’on pourra voir un œuf de ptérodactyle éclore, une momie prendre vie, un pithécanthrope dégustant du cognac en fumant le cigare.
 

C’est dans cet esprit que s’ouvre et se terminera le dixième et dernier tome de cette série. Ce tome va embarquer une multitude de personnages de référence liés à la série où les non-initiés auront du mal à suivre. Une sorte d’incitation à reprendre toute la lecture des autres tomes d’Adèle Blanc-Sec. Mais pourquoi faire un album 15 ans après le Tome 9, sûrement pour tenir sa promesse où Tardi avait annoncé 10 albums pas un de plus. Et dans le dernier album en 2007, la maladie bovine est déjà bien présente et un savant fou fabrique des clones d’Adèle pour les faire exploser. D’étranges similitudes avec les attentats et la Covid que nous avons connus ces dernières années. L’auteur a donc dû adapter ses histoires pour ne pas être taxé d’être tombé dans la facilité scénaristique.
Cet album est donc un ultime hommage que l’auteur revendique, il fait notamment beaucoup de petits astérisques en bas de page renvoyant aux anciens albums, on notera également la maquette de la couverture qui est dans l’esprit des premiers albums.
Merci monsieur Tardi pour toutes ces belles années d’aventures, c’est votre souhait de ne pas lancer Adèle dans une reprise et c’est peut-être mieux ainsi. 

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