La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Le Spitfire symbolise à lui seul la résistance britannique à la barbarie nazie. Jean Pierre Pécau et Christophe Gibelin nous proposent de découvrir sa création et nous présentent les hommes qui l’ont imaginé, conçu et piloté dans un album bien documenté mais qui ne tombe pas dans l’encyclopédisme.
 
1931, alors que les bruits de bottes sont encore imperceptibles, l'entreprise Supermarine pulvérise le record pour un hydravion : 656 km/h ! Pour Churchill, l'entreprise est prédisposée à construire un chasseur rapide et maniable afin de s’opposer à une Allemagne qui va inévitablement se réarmer. Ce projet est porté par Reginald Mitchell, le président de Supermarine. S'inspirant des goélands, il esquisse un avion. Il lui faudra l'aide de Beverley  Shenstone  pour l'aérodynamique, celle des meilleurs ingénieurs Rolls-Royce pour le moteur. Pour tester cet avion, il fallait une tête brûlée : ce sera le pilote Jeffrey Quill. Malheureusement, malgré l'insistance de l'Allemagne a se réarmer, le gouvernement britannique ne voit pas l'intérêt de ce projet coûteux. Pas plus qu'il ne voit l'intérêt de former de nouveaux pilotes. La disparition en 1937 du porteur du projet ne signe pas pour autant son enterrement mais, même lorsque la guerre est déclarée, les Spitfires ne sont pas déployés en France. Il faudra attendre que les nazis lance la campagne d'Angleterre pour qu'enfin, les capacités de ces avions soient reconnues et qu'ils deviennent des ailes de légende.
 
L'heure est aux hommages, tous azimuts. Hommage aux hommes comme au dernier compagnon de la Libération qui vient de nous quitter. Hommage aussi aux machines qui ont joué un rôle important dans les conflits contemporains. C'est ainsi que les éditions Delcourt avaient gratifié les chars JS-1 et autres Tigres d'albums. Mais la guerre, surtout moderne, ne se gagne pas uniquement sur terre et le rôle de l'aviation est primordial. C'est donc tout naturellement que le scénariste Jean-Pierre Pécau se lance dans une nouvelle collection, Les ailes de légende. Et quelle meilleur légende pour débuter que le mythique Spitfire, l'appareil qui symbolise à lui seul la résistance britannique face à la furie hitlérienne. On découvre donc que sa genèse n'a pas été une sinécure. On fait la rencontre de Réginald Mitchell, son génial concepteur. À travers une intrigue chronologique mais très bien documentée, le lecteur apprend que la réalisation de cette machine légendaire n'a pas toujours été du goût de tout le monde et que le rôle de certains personnages a été plus que primordial. Malheureusement, ces personnages ne sont pas toujours à leur avantage avec le trait de Christophe Gibelin. Le dessinateur rend parfaitement les ambiances et les décors. Les personnages, lorsqu'ils sont en plan large, ne manquent pas de charisme et leur langage non verbal est parlant mais certains gros plans ne sont pas à la hauteur. Pour une série qui veut rendre hommage aux machines et à leur concepteur, c'est un peu dommage. Heureusement, les machines sont, elles, magnifiquement illustrées. Qu'ils soient au sol ou en vol, les avions sont extrêmement réalistes. Certains cadrage sont très originaux faisant la part belle, par exemple, au somptueux moteur Rolls-Royce en fond de page sur lequel viennent se poser des vignettes évoquant ses performances et ses défauts.
 
Au final, cet album répond à la commande : rendre hommage au Spitfire et aux hommes qui l’ont imaginé, conçu et piloté. C'est une œuvre historique romancée mais très bien documentée qui se lit comme une véritable aventure humaine.

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