La bande du 9 : La communaut du 9ème art

 
Un navire négrier anglais transporte deux irlandais renégats. Lors d’un acte de piraterie, ils vont être plongés dans la magie vaudou. Pour Cormac McLeod, c’est le début de son initiation qui va mêler piraterie, sorciers et morts vivants…
Jean-Pierre Pécau signe une œuvre là où on ne l’attendait pas ! Le résultat est un album au rythme saccadé mais très convainquant avec un dessin et une colorisation d’une grande efficacité.
 
La Calypso est un navire anglais qui se livre au commerce triangulaire. Et comme il faut bien satisfaire aux ordres, le navire emmène également des rapparees, des soldats irlandais qui ont soutenu la révolte du roi catholique Jacques II. Leur sort est semblable à celui du bois d'ébène : l’esclavage ! Mais la traversée  de l'Atlantique n'est pas si simple : il y a les pirates ! Et c'est justement un frère de la côte, le capitaine Vimeur qui vient libérer Cormac MacLeod et ses compagnons d'infortune. L'abordage est l'occasion pour l’irlandais de faire sa première expérience vaudou. Ivre de colère après la mort de son frère, Cormac va laisser les esprits l'envahir et le sauver. Sans le savoir, le catholique est devenu un apprenti Bokor ;  un sorcier vaudou. Arrivés à Port-Royal, en Jamaïque, l'Irlandais et ses nouveaux amis rencontrent le fantomatique capitaine Baron Mort Lente sur qui il fait forte impression. Puis la troupe finit chez le Rabbin qui accepte de poursuivre l’initiation de Cormac. C'était sans compter sur le Baron Mort Lente…

On finit pas avoir l'habitude des ponts entre les différentes formes d'art. On ne compte plus les adaptations de roman au cinéma ou en bande dessinée. Avec ce Capitaine Vaudou, c'est une nouvelle forme d'adaptation : celle du jeu de rôle vers la bande dessinée et le résultat est plutôt positif. Il faut dire que Jean-Pierre Pécau est déjà à l'origine du jeu de rôle avec Pierre Rosenthol. Il nous propose donc un album rythmé qui débute par une anecdote ultra spectaculaire qui met immédiatement dans le bain de la piraterie et de la magie. Jack Sparrow n'a qu'à bien se tenir ! Même si la transition entre les premières pages et le lancement de l’intrigue est un petit peu énigmatique, on saisit facilement le lien puis on fait la rencontre avec ceux qui vont être les héros cette histoire. Il y a l’irlandais extradé, son ami africain et un faussaire. Il y a aussi le pirate, le capitaine de la Souris, Jean-Baptiste Donatien de Vimeur ;  qui semble en connaître un rayon sur la sorcellerie. Ensemble, ils vont se rendre à Port-Royal en Jamaïque, fief des frères de la côte. Ensemble, ils vont découvrir que le vaudou a des aspects qu’ils ne soupçonnaient pas. Ensemble, ils vont devoir affronter d'inquiétant Baron Mort Lente et son équipage qu’une légende dit composé de zombies. Petit à petit, et à coup d'abordages et autres échauffourées, le scénariste tisse sa toile et nous prend au piège ; rajoutant une bonne rasade de sex-appeal pour clore l’album. L'ensemble est relayée par le trait semi-réaliste Darko Perovic. Après Alamo et Dr Watson, le dessinateur serbe livre un album convaincant. Les personnages sont fort en gueule et cela se voit. Malgré leur grand nombre, aucune confusion n’est possible et les émanations du vaudou sont aussi réussies qu’effrayantes. L'atmosphère est parfaitement relayée par une mise en page qui fait la part belle à la mer et aux claquements des épées. Le tout est sublimé par la colorisation de Nuria Sayago. La coloriste de Hauteville House connaît bien les couleurs chaudes de l'Amérique centrale. Elle est également très à l'aise avec l’ambiance nocturne et dangereuse de Port-Royal. Seul bémol, il faut lire cet album avec une bonne lumière, au risque de ne pas profiter de tous les détails. À la limite, ce n'est que mieux car cela laisse moins de chance à un Bokor de venir s'emparer de vos esprits !
 

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