La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Cormac MacLeod refuse de perdre son temps en initiation. Il ne souhaite que prendre la mer avec son nouvel équipage et tant pis pour les guèdes qui rôdent autour de lui. Il n’imagine pas que le Baron Mort Lente, dont il s’est fait un ennemi mortel, prépare déjà sa vengeance.
Jean-Pierre Pécau et Darko Perovic poursuivent leur grand récit d’aventure centré autour du Vaudou avec toujours autant de magie !
   
L'équipage du baron Mort Lente est sur les dents ! Le Black Hell mouille au large de l'île de San Andreas, surnommée l'île des fantômes. Mais le capitaine noir n'est pas venu recruter un nouvel équipage ; il n'est là que pour un homme : Angus MacLeod. De son côté, Cormac s'est retrouvé propulsé la tête d'un équipage. Malgré les réticences du Rabbin de Port-Royal, il est bien décidé à prendre la mer, bien secondé par Lime. Il refuse de voir l'évidence : de nombreux Guèdes, parmi les plus puissants, rodent autour du protégé d’Erzuli. Mais lorsque Mort Lente revient à Port-Royal afin de proposer un marché au Rapparee, ce dernier n'hésite pas : il préfère connaître les intentions de son adversaire plutôt que de les craindre. Il est loin de douter de ce qui l'attend…

Les auteurs de bande dessinée sont des touche-à-tout de génie. Prenez l'exemple de Jean-Pierre Pécau : on ne compte plus nombre de scénarii qu'il a imaginé. Mais il est également à l'origine d'un jeu de rôle : Capitaine vaudou. Et puisqu'il aime créer des ponts entre les différentes formes artistiques, il est revenu à ses premiers amours et a créé un triptyque sur ce thème. Bien qu'inspiré par l'univers du jeu de rôle, l'album n'en constitue pas moins une œuvre originale : nul besoin de jouer pour lire. Avec cet album intermédiaire, le scénariste approfondit son intrigue. On retrouve l'irlandais catholique Cormac McLeod à la tête d'un équipage. S'il a pris conscience de son pouvoir, il est toujours loin de savoir le maîtriser. Malgré l'insistance du Rabbin, le nouveau capitaine ne veut entendre parler d'une longue formation. De son côté, le baron Mort Lente prépare déjà son prochain coup. Bien qu’échaudé par sa précédente défaite, il rêve toujours de battre le Rabbin. Le but de cette bataille : le trésor de Christophe Colomb ! Rien que ça ! Et au milieu de tout ça, le Vaudou et les puissants guèdes, les esprits du mal. Bien sûr, les références à Pirates des Caraïbes sont aisées mais il serait réducteur de s’en contenter. En effet, les puissances magiques sont encore plus présentes, occupants presque la place d'un personnage à part entière. Et puis, le scénario est contemporain : des thèmes comme l'esclavage, la place de la femme et la tolérance sont magistralement abordés avec beaucoup d'humilité et de tact. C'est évidemment très étonnant pour un récit d'aventure qui possède en lui-même tous les atouts du genre : personnages charismatiques, trésor légendaire et  coups tordus. Le tout s'enchaîne avec beaucoup de rythme. Cette dynamique, on la retrouve dans le dessin de Darko Perovic. Le dessinateur serbe reste dans la même veine que l'album d'ouverture. Les bateaux, les abordages et l'apparition des esprits sont autant de régal pour les yeux. Les traits des personnages se font plus fins leur faisant gagner en lisibilité ce qu'ils perdent en charisme. Ce style très vif, pour ne pas dire brut, correspond à merveille à cette intrigue mystique. Il est merveilleusement rehaussé par la couleur de Nuria Sayago qui connaît mieux que personne les atmosphères historico-fantastiques.
 
Ouvrir Capitaine vaudou, c'est un peu comme accepter qu'un sort vous soit jeté. Un sort qui vous emporte corps et âme dans une intrigue de pirate matinée de vaudou.

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