La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Pensant vivre en harmonie avec le peuple indien, une famille d’anglais est kidnappée pour être transformée en esclaves chez des français. Une aventure basée sur des faits réels qui monopolisera toute l’attention des lecteurs à la fois par son contexte et l’intimité de la vie en captivité.
 
 
Août 1754, en nouvelle Angleterre, Susannah vit dans une maison isolée à l’écart du fort militaire en compagnie de ses trois enfants et enceinte du quatrième. Son mari James n’est pas encore rentré de son dernier périple où il est négociant en fourrures. Pendant cette absence, Moses, le père officier militaire de son état, rend visite à sa fille et tente de la convaincre de le rejoindre et de s’installer au fort. Il craint comme tout le monde que la petite famille Johnson se fasse attaquer par les indiens Abénaquis ou Iroquois. La discussion tourne court, James fait son apparition sur le pas de la porte après trois mois d’absence. Pour fêter ce retour, il invite famille et amis autour d’un bon repas  et annonce qu’il souhaite aller s’installer dans la ville de Northfield. L’annonce est accueillie avec plus ou moins de bonheur selon les participants. La soirée s’éternisant, les Johnson proposent à leurs invités de rester dormir à la maison. Mais à l’aube, une mauvaise surprise va les attendre, la maison est attaquée par un groupe d’indiens Abénaquis avec une rare violence au point que certains protagonistes vont y laisser leur vie. Quant aux autres, ils vont être kidnappés et emmenés de force pour un long périple qui va faire d’eux des esclaves.
 

Ce western one shot aurait pu arriver sur les étals comme un énième album or il n’en est rien compte tenu des différents sujets abordés. Tout d’abord l’histoire se situe dans un contexte politique bien précis. Au 18ème siècle, l’Angleterre et la France sont en conflit pour la colonisation de l’Amérique du nord avec d’un côté la Nouvelle France et leurs autochtones et de l’autre les Anglais et leurs alliés Iroquois. Les hommes qui vivent dans cette région deviennent alors des monnaies d’échange et il n’est pas rare de voir des kidnappings qui ont pour but de réduire à l’état d’esclave ces derniers.
 

Avec ce contexte et en s’inspirant des mémoires de Susannah Johnson (Récit d’une captive en Nouvelle France), Benoit Rivière va mettre en place la trame du scénario de l’album « Captifs ».  La richesse et l’originalité de l’histoire vont plonger les lecteurs dans une aventure des plus passionnantes.
A la lecture de l’ouvrage, ces derniers vont être partagés entre un soutien à la cause des indiens qui ne sont finalement que des exécutants de colons blancs, dont la moralité est pire que la violence qu’ils pratiquent eux-mêmes, et une compassion pour ces anglais qui vont parcourir des kilomètres en captivité au péril de leur vie dans des conditions inimaginables et sous le joug de leur bourreaux indiens. Bref tous les sentiments vont être malmenés, ce qui fait la richesse de cette histoire.
Les auteurs vont également jouer sur les sentiments des protagonistes puisqu’au sein de la famille Johnson, cette captivité qui s’est étalée sur plusieurs années va également provoquer de nombreux bouleversements, mélangeant à la fois rébellion, abdication, adoption des rites et coutumes du peuple indien abénaquis.
Le dessin est assuré par le très rare Olivier Ormière qui pourtant a un talent indéniable avec un dessin agréable à suivre, dynamique, au découpage maîtrisé, à la limite d’un point de vue cinématographique.
Une lecture que nous vous recommandons absolument.

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