La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Dans un royaume indien, le sort semble s’acharner sur la reine Shikara. Tout doucement, elle perd la raison et s’érige un ennemi intime : les oiseaux !
Zidrou nous livre une histoire émouvante centrée sur l’imaginaire que Paul Salomone met merveilleusement en image !
   
Dans le royaume de Shandramabad, la reine est surnommée Kurgarvandji, "celle qui apaisa la colère des dieux" tant sa beauté et sa joie avaient ramené la paix et la prospérité dans le royaume. Malheureusement, le bonheur est fugace et c'est ainsi que la reine, enceinte, perdit son époux. Comme pour compenser celui que les dieux venaient de lui enlever, la reine mit au monde 2 enfants, une fille nommée Jalna et un garçon qui eut l'honneur de s'appeler comme son père Gorakh. Si le garçon était motivé par l'apprentissage, les études et la nature, la fillette n'était que joie, amusement et bonne humeur. Bien que différents, les enfants faisaient le bonheur de leur mère et pour leur prouver son affection, la reine leur offrir un couple d'oiseaux volcan, espèce extrêmement rare des abords du lac Banagaram. Elle était loin d'imaginer que les volatiles allaient transformer leur vie et celle des habitants de la cité en profondeur.

L'album s'ouvre comme un conte des 1001 nuits, sur un prologue des plus poétiques. A l'heure des premiers frimas, les oiseaux de lune prennent le contre-pied de leurs congénères et volent vers la nuit pour pondre leurs œufs sur l'astre nocturne. Cette entrée en matière est assez énigmatique et l'on ne comprend son sens qu’à la lecture de l'album. Par la suite, Zidrou nous livre la biographie de la reine Shikara, autour de quatre chapitres, quatre étapes majeures de la vie de la souveraine et de ses sujets. C'est que le sort va s'acharner sur la reine qui va tout doucement perdre la raison et ainsi multiplier les décisions qui vont tenir le lecteur en haleine. Cela donne un album au rythme semblable à un long fleuve tranquille dans lequel le scénariste belge prend le temps d'exposer chaque action avec ses causes et ses conséquences. Il ménage également ses effets avec une narration en voix off jusqu'à l'apparition du véritable narrateur dont le rôle se révélera crucial. Il joue aussi sur les émotions nous faisant passer du rire aux larmes en un battement d'aile. C'est Paul Salomone qui met en images cette chronique d'un drame annoncé. Les personnages sont croqués parfois de façon réaliste, parfois de façon caricaturale et cela les rend terriblement humains et attachants. La précision des décors, la foultitude des détails font de cet album un véritable voyage au pays des Maharajas. Sentiment qui est renforcé par la palette de couleurs vives du dessinateur de Celui qui n'aimait pas les armes à feu. Couleurs qui contrastent totalement avec la tragédie qui se joue sous nos yeux. A noter enfin que les doubles pages consacrées à la ville sont autant de pépites graphiques que des respirations dans l'intrigue.

Au final, on sent bien que les artistes ont mis le meilleur d'eux-mêmes dans cet album et pour le lecteur, le résultat est sensuel et émouvant, joyeux et triste. Une vraie réussite !

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