La bande du 9 : La communaut du 9ème art

   Après un premier tome introductif au rythme effréné et vraiment réussi, le trio Vincent Brugeas, Ronan Toulhoat et Yoann Guillo reviennent en force pour nous offrir un second tome plus posé qui nous laisse vraiment découvrir des personnages profonds et plein de complexité.

 

   Nous sommes au 17e siècle en Ukraine, le jeune Lituanien Karlis a déserté l'armée polonaise pour s'allier à la cause des cosaques. Dans ce second volet, on retrouve Sachko sur le point de partir à la Sitch afin de préparer au mieux la venue de Karlis devant leur Hetman et de le conduire à la Rada. En effet, l'histoire avec les hussards ailés est encore dans tous les esprits, mais ne fait pas de lui un cosaque pour autant. Sachko craint que par choix politique et pour le bien de leurs relations diplomatiques, ses congénères décident d'offrir sa tête au roi Ladislas. Les chances pour qu'ils deviennent cosaques sont minces, mais il en reste tout de même une. En parallèle, on découvre une tranche de la vie de Zahra, une facette inconnue de la belle qui se serait enfui après une demande en mariage faite de façon inappropriée par Emilyan, le fils que Sachko a renié. Emilyan n'a jamais accepté le fait d'avoir été éconduit par Zahra et est empli d'amertume et de rancœur. Ce dernier risque vraiment de peser dans l'acceptation de Karlis comme cosaque. Et lorsqu'il va apprendre que ce dernier est profondément lié à Zahra, sa haine passée va resurgir et s'amplifier. Sachko parviendra-t-il à plaider la cause de Karlis, et ce dernier, réussira-t-il à échapper au Courroux d'Emilyan ?

   Alors que le premier tome était essentiellement axé autour de Karlis, narrant ses exploits dans un rythme effréné, Brugeas nous livre dans ce second tome un récit plus statique tourné davantage sur le passé de Zahra et de Sachko le vieux guerrier bougon. Ici, il pose les choses, fouillant davantage la psychologie de ses protagonistes, nous laissant entrevoir en la personne de Karlis, un héros plus pacifique et philosophe qu'on aurait pu le penser. Il nous dépeint des personnages charismatiques, plus humains, avec leurs forces et leurs faiblesses. Il développe également quelques clés de lecture bien amenée, nous permettant de mieux comprendre les protagonistes que nous suivons, leur complexité, et les enjeux qui les lient. Un album surprenant et bien ficelé offrant aux lecteurs un récit captivant et très rythmé. Une fois encore le dessin à 4 mains et la colorisation réalisée par Yoann Guillo et Ronan Toulhoat est de toute beauté, nous offrant des illustrations très détaillées et incroyablement réalistes. On en prend plein les yeux. Ici, Yoann Guillo sort de son rôle de coloriste classique pour servir au mieux le récit. Un choix graphique surprenant et singulier qui n'est pas pour me déplaire. On notera également un lettrage peu conventionnel ou certaines voix off sont représentées dans des bulles à la queue rentrée. Une BD qui à mon sens sort vraiment du lot, nous conduisant au plus près de ce peuple peu connu. On y découvre le monde des cosaques par petites touches. Un récit enlevé fait d'intrigues politiques, de sentiments et saupoudrés de psychologie. Insufflant un vent de fraîcheur dans le monde du 9e art. En bref une très bonne série que je ne peux que vous conseiller. Le seul bémol et qu'il va falloir s'armer de patience pour en connaître la suite.