La bande du 9 : La communaut du 9ème art

DES BOMBES ET DES HOMMES
 

Les années 1990 ont été marquées par l’éclatement de la Yougoslavie et des guerres dans les Balkans. Cet ouvrage évoque plus précisément la guerre de Bosnie par le prisme d’une jeune femme travaillant pour une organisation humanitaire et qui va se rendre compte que les hommes qui luttent pour leur survie souhaitent également nourrir leur esprit ! Une BD aussi belle qua passionnante !
 
Isabelle a 25 ans et se retrouve plongée dans la guerre de Bosnie en tant que gestionnaire des ressources alimentaires à distribuer aux habitants de Sarajevo pris au piège du siège de la ville par les serbes.

Elle a fait ce choix pour se rendre utile et travaille donc pour l’ONG équinoxe dans cette ville plongée dans la guerre civile. Après des débuts difficiles, celle qui est surnommée Betty Boop à cause de ses tenues pas vraiment appropriée à une guerre, la jeune femme va peu à peu prendre ses marques et prendre la mesure du poste difficile qu’on lui a affecté. Entre ses collègues désagréables, les relations tendues avec la Forpronu (dont le capitaine pense qu’elle ne restera que deux semaines) et les tentatives de la mafia locale de se servir dans ses denrées alimentaires, la jeune femme va avoir fort à faire et va prouver à tous sa force de caractère…
 
Ainsi, elle participe au premier convoi humanitaire ver Gorazde, une enclave bosniaque assiégée par les serbes depuis trois ans. Sous l’escorte de la Forpronu, ils vont traverser les lignes serbes jusqu’à cette ville symbole d’une population livrée à elle-même depuis le début du conflit…
 
D’abord heureuse de leur fournir des produits de première nécessité (nourriture, médicaments…), elle se rend compte que ces habitants sont aussi avides de rêver et d’avoir de nouveau accès à la culture. Ainsi, sa nouvelle marotte va être de permettre au cinéma de rouvrir et pour cela, elle va devoir se battre et prendre des risques…

S’inspirant de sa propre histoire mais en prenant de nombreuses libertés, Estelle Dumas nous livre un superbe scénario. Tout d’abord prévu au cinéma (il a été sélectionné au festival de Cannes par la maison des Scénaristes en 20015 mais n’a jamais trouvé de producteur), il est finalement adapté en bande dessiné pour notre plus grand plaisir.

On s’attache très rapidement au personnage principal, à la fois extrêmement courageuse mais qui semble également avoir de nombreuses fêlures. De plus, les autres personnages gravitant autour d’elle nous permette de découvrir la complexité de la situation de la Bosnie en 1995 : les tensions liées aux couples mixtes, les faiblesses de la Forpronu, l’ingéniosité des habitants livrés à eux-mêmes, l’horreur des snipers et de la guerre en général…

Comme elle le dit elle-même, la scénariste a reçu une gifle à la fois violente et magnifique qui a bouleversé sa vie quand elle a découvert la soif de culture d’une population marquée par un conflit de trois ans… Cela nous prouve, comme le dit si bien la quatrième de couverture, « qu’il peut y avoir de la lumière même dans les heures les plus sombres de l’Humanité ».

Si le scénario est excellent, que dire des dessins de Julie Ricossé ? Ses aquarelles sont magnifiques et troublantes à la fois. Malgré le sujet difficile et la nécessaire illustration de la violence d’une guerre, elle parvient également à illustrer certains moments de légèreté volés à la guerre par les bosniaques durant le conflit…

Une œuvre exceptionnelle à découvrir !

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