La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Lorsque Béatrice cède au harcèlement de Georges, son patron, il est loin de se douter de ce qui l’attend. Transformé en femme par la magie africaine, il devient totalement dépendant de Béatrice. Transformé un jouet sexuel et en femme de ménage, Georges/Gisèle apprend sa nouvelle vie. Et finalement semble y prendre goût.
Dupuis rééditent l’excellent album de Benoit Feroumont, mélange de satire sociale, de fable érotique et de comédie romantique. Un album à lire ou à relire de toute urgence !
 
Béatrice est une jeune femme dynamique. Parisienne jusqu'au bout des ongles, elle espère obtenir une promotion et ainsi conserver son appartement. George est un jeune cadre dynamique. Marié, il n'hésite pas à faire des avances à ses subalternes féminins. George est le patron de Béatrice et conditionne son avancement à quelques faveurs. Prise au piège, Béatrice accepte un dîner et un dernier verre chez elle. Mais au moment de le servir, le dernier verre, Béatrice glisse une pastille dans le vin. Aussitôt, George est hypnotisé. Il accepte la moindre demande de Béatrice. Mais lorsqu'elle lui ordonne de se déshabiller et de s'allonger sur le lit, il est loin d'imaginer ce qui va lui arriver : son pénis disparaît et seins et cheveux poussent ! Georges s’est transformé en Gisèle ! Il est devenu totalement dépendant de sa salariée. Il est surtout devenu son jouet sexuel et accessoirement sa femme de ménage. Pour ne rien arranger, voilà que les sentiments s'en mêlent...
Quand on pense BD érotique, les éditions Dupuis et Benoît Feroumont ne sont pas les noms qui viennent immédiatement à l'esprit. Et pour cause. Mais lorsque le dessinateur entend une sexologue canadienne dénoncer le diktat de la pornographie et encourager les artistes à s'emparer de la sexualité, il décide de franchir le pas. Il se lance dans la création d'une comédie romantique : deux êtres opposés qui finissent par se rapprocher. Surtout, il insuffle de dose de fantastique en conservant une forte crédibilité. Si Georges devient Gisèle, c'est grâce à la sorcellerie africaine et après tout, pourquoi pas ! L'autre force du scénario réside dans la critique sociale. Benoit Féroumont  ne vire pas dans les bons sentiments mais crée des personnages féminins forts, sans être caricaturaux, devant faire face à des situations courantes. Elles s’en sortent en utilisant leur atout, leur intelligence et la société, dans son ensemble, prend une bonne claque. Mais attention cela se fait en toute impertinence. Cette même impertinence que l'on retrouve dans le dessin de Benoît Feroumont. Le trait dynamique et les couleurs flashies de Christelle Coopman confèrent une légèreté de forme bien en phase avec le fond. On sent également le travail minutieux sur les faciès : frustration, consternation, malice, excitation et jouissance… tout y passe et nous, on prend un pied énorme.

Dans le contexte actuel de #metoo  et autre balancetonporc, cette réédition de Gisèle et Béatrice rappelle à tous les mâles dominants qu’ils ont une part de féminité en eux et que les femmes sont incontestablement leurs égales. Enfin on ressent tout le plaisir qu’a dû ressentir Benoît Feroumont à la création album et on le partage allègrement.

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