La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Quand Térésa rencontre Ruben, la jeune égyptologue est loin de se douter que son destin bien rectiligne va être totalement chamboulé !
Hypericon est une magnifique romance entre deux êtres que tout oppose sur fond de réflexion sur la temporalité et la relativité de nos existences. Un album qui devrait trôner au pied de bien des sapins !
 
La vie de Térésa est une autoroute vers la réussite. Brillante étudiante en égyptologie, elle est choisie comme assistante scientifique de la grande exposition consacrée à Toutankhamon et organisée à Berlin. Elle qui n'a jamais quitté le nid familial va devoir faire avec la vie de la capitale allemande. De son côté, Ruben emprunte plutôt les petites routes des Apennins. Jeune artiste italien, il a toujours refusé de présenter ses œuvres. Alors, de là à les exposer et à les vendre… Il préfère vivre dans un squat de petits boulots. Comme beaucoup de jeunes de la fin des années 90, Berlin est son, immense, terrain de jeu. Lorsque Teresa et Ruben se rencontrent, la géométrie de leur vie est profondément bousculée.
 
Prenez deux individus diamétralement opposés. Mettez-les dans un environnement idéal et, telle deux aimants, vous les verrez se rapprocher. Vous avez en quelques mots l'intrigue de la comédie romantique de Manuele Fior Hypericon. Bien sûr, c'est tout de même un peu plus élaboré que ce scénario de téléfilm de Noël ! Tout d'abord, l'artiste italien joue la carte de la dualité temporelle et de l'exotisme en mettant en relation son histoire d'amour avec la découverte du tombeau de Toutankhamon. Les passages du journal d’Howard Carter sont très bien intégrés à la romance et surtout magnifiquement illustrés. C'est bien simple, le vent chaud de la Vallée des Rois nous caresse le visage et exhorte les senteurs égyptiennes. Et puis, le scénariste place son intrigue dans le Berlin underground et en plein ébullition des années 90. Ce Berlin qu'il connaît si bien. Si là aussi le dépaysement est assuré, cette période exubérante se termine par les attentats du 11 septembre 2001. Choc et gueule de bois mais surtout relativité de nos petites vies face à l'Histoire. Un cadre, deux époques et surtout deux personnages. Il y a d'abord Teresa, jeune égyptologue surdouée et insomniaque qui se voit proposer un job en or à Berlin. Elle qui n'a jamais quitté ses parents et son Italie natale, elle dont la vie et la carrière étaient toutes tracées, va devoir apprendre à faire par elle-même, apprendre à faire confiance et à se faire confiance. Lui, c'est Ruben, jeune dessinateur italien en rupture de ban familiale et sociale. Chacun a les moyens de s'identifier tant à l'un qu'à l'autre et souvent aux deux. Tout cela rend la lecture assez addictive. Surtout que le dessin est tout en douceur et en sensualité. Les intérieurs sont réduits à de simples murs de briques pour ne pas nuire à l’aura des personnages. Les décors extérieurs sont très réalistes et renforcent encore un peu plus l’identification. Quant aux couleurs, leurs teintes pastels collent à la perfection avec le ton et l'histoire.
 
Qu'on aime Manuele Fior ou pas, il est indéniable que l'artiste a un don pour les histoires d'A… et il le prouve encore une fois avec cette Hypericon qui devrait trôner au pied des sapins.

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