Interview Renaud Chavanne - Salon SOBD
Bonjour Renaud Chavanne,
Nous sommes à quelques jours de l’ouverture du salon SOBD qui aura lieu du 28 au 30 Novembre à Paris à l’espace des blancs manteaux,
BD9 : Afin de faire mieux connaissance, pouvez-vous vous présenter et nous donner votre rôle au sein de cette manifestation ?
RC : Je suis l'organisateur du salon SoBD. Le terme officiel est commissaire général, mais il prête à confusion. Donc, disons ici organisateur.
J'ai également créé la librairie en ligne Stripologie.com. C'est une librairie un peu particulière à plusieurs égards, et tout d'abord parce qu'elle est très spécialisée. Elle ne vend que des livres qui traitent de bande dessinée. Des monographies d'artistes, des ouvrages théoriques, des livres d'histoire de la bande dessinée, etc. Je pense qu'elle se distingue aussi par le soin avec lequel les ouvrages y sont présentés. Ce soin demande beaucoup de temps, ce qui explique que nous avons mis peu de livres en ligne. C'est un travail au long cours… Mais c'est une autre histoire, et je laisse vos lecteurs aller y jeter un œil pour se faire une idée.
Enfin, je suis auteur de plusieurs textes sur la bande dessinée. Des articles publiés notamment dans la revue Bananas (et plus anciennement Critix), mais aussi deux livres qui se consacrent à la question de la mise en page de la bande dessinée (en vérité, je préfère le terme de composition). Le premier est une étude de la composition chez Jacobs, et le second est un traité intitulé Composition de la bande dessinée, qui aborde la question sous un angle beaucoup plus général. Ces deux livres sont parus chez PLG, et on peut bien entendu les trouver sur Stripologie.com.
BD9 : On imagine facilement tout le travail à réaliser pour mettre en œuvre une telle organisation, mais comment vous est venu l’idée de vouloir créer un salon de Bande Dessinée au cœur de Paris ?
RC : Vous imaginez bien que ce que je viens de vous dire n'est pas sans rapport avec la réponse à votre question.
Ayant écrit plusieurs livres sur la bande dessinée, j'ai été assez agacé de ne les voir occuper les rayonnages des libraires que quelques semaines. Une étude sérieuse prend du temps. Cinq ans pour chaque livre en ce qui me concerne. Ne disposer que de quelques semaines pour convaincre le public, ce n'est pas assez. Pourtant, il en va ainsi aujourd'hui. Le délai d'exposition des livres est très court. Cette brièveté ne permet pas à un livre de faire son chemin, un chemin qui est pourtant au moins aussi long après la parution que le temps qu'il a fallu pour le concevoir avant la parution.
Ce constat est une des réflexions qui m'a conduit à ouvrir Stripologie.com.
Une autre réflexion est l'observation suivante : il existe de nombreux ouvrages sur la bande dessinée. Mais ils ne sont pas visibles. Nulle part. Je vous mets au défi de trouver une bibliothèque disposant d'un rayon de plus de… allez, disons de plus de 100 livres sur la bande dessinée. Ça peut paraître énorme, 100 livres sur la bande dessinée, mais c'est peu en vérité. Et pourtant, personne ne les montre ces livres. L'absence de visibilité de ces livres est préjudiciable à la discipline. D'abord, ça donne à penser que c'est une discipline sans recul, sans réflexion, sans étude. Autrement dit, cela entretient l'idée d'une discipline de peu d'importance. Mineure, diraient certains. Ensuite, c'est préjudiciable pour les chercheurs, les artistes et les amateurs, qui ne peuvent pas accéder aux informations et aux questionnements que proposent ces livres. Harry Morgan et Manuel Hirtz ont tenté de remédier à cet état de fait en publiant les deux éditions du Petit Critique illustré, chez PLG (1997 puis 2005). Un travail important, remarquable même, qui a été probablement desservi par le ton volontiers mordant, parfois un peu trop, adopté par les deux auteurs. La création de Stripologie.com est un prolongement du travail de Morgan et Hirtz.
Me faisant ces réflexions, au moment où je travaillais à l'ouverture de Stripologie.com, j'en ai parlé à Pierre-Marie Jamet, un des fondateurs de PLG avec Dominique Poncet et Philippe Morin (ce dernier assurant seul la destinée de PLG depuis déjà une bonne décennie). Pierre-Marie a ouvert il y a quelques années une galerie consacrée à la BD, la Galerie Oblique, dans le Marais parisien, au Village Saint-Paul. Il m'a pris au mot, et m'a proposé de concevoir un événement dédié aux ouvrages sur la bande dessinée.
Ainsi est né le Salon des Ouvrages sur la Bande dessinée, le SOB, dont la première édition a eu lieu en 2010 à la Galerie Oblique. L'accueil a été excellent. Les spécialistes eux-mêmes étaient surpris, en venant, de trouver tous ces livres sur la BD. Eux-mêmes ne soupçonnaient pas l'importance de cette littérature. Au bout de deux ans, le succès se confirmant, nous avons changé de dimension et nous sommes allés nous installer à l'Espace des Blancs Manteaux, à quelques pas de la Galerie Oblique, toujours dans le Marais.
L'Espace des Blancs Manteaux étant beaucoup plus grand, nous avons pu élargir l'événement et accueillir également des éditeurs de bande dessinée, et plus seulement d'ouvrages sur la bande dessinée, mais aussi des libraires, des galeries. Nous avons également considérablement renforcé notre programme de Rencontres et de Tables rondes, avec 14 rencontres regroupant plusieurs dizaines d'auteurs, d'artistes, de spécialistes, de chercheurs, d'éditeurs, etc...
BD9 : Qu’est ce qui différencie votre salon des autres festivals BD ?
RC : Et bien, vous l'aurez compris, nous nous différencions d'abord par la place accordée aux livres sur la bande dessinée. Une place unique en France, et probablement en Europe, sinon dans le monde. Cette attention portée au discours sur la BD se retrouve d'ailleurs dans notre programme de conférences, via les Rencontres du SOB. Ces rencontres comprennent notamment une Revue de littérature, où plusieurs spécialistes commentent les ouvrages sur la BD parus dans l'année, et une série de Commentaires de planches, occasion de confronter de manière vivante et pratique différentes manières d'aborder, de commenter et peut-être d'expliquer la bande dessinée. L'importance que nous donnons à ces discours sur la bande dessinée se concrétise aussi cette année par une rencontre que nous organisons entre Thierry Smolderen et Thierry Groensteen autour de la figure de Töpffer. Une rencontre inspirée par la parution de deux livres importants pour l'histoire de la bande dessinée, à savoir le Naissances de la Bande dessinée de Smolderen et, plus récemment, le M. Töpffer invente la Bande dessinée de Groensteen. J'en profite pour dire que ces deux livres sont disponibles sur Stripologie.com. Fin de la coupure pub.
Toujours dans le même ordre d'idée, nous lançons cette année avec la revue Papiers Nickelés le Prix Papiers Nickelés SoBD du meilleur ouvrage sur la BD et le patrimoine dessiné. Cette initiative, que nous menons en partenariat avec la revue dirigée depuis dix ans par Yves Frémion, a pour objectif d'attirer l'attention sur cette littérature. Vous voyez, nous tachons de multiplier les initiatives pour mieux faire connaître les études sur la bande dessinée.
Au-delà de cette spécificité historique du salon, j'ai le désir de faire du SoBD un événement éclectique, ouvert à tous les aspects de la discipline, qu'on l'entende comme "9e Art", comme "BD", qu'on lui donne l'appellation de "manga", de "bande dessinée", de "comics" ou ("comix"), etc. Ces termes recouvrent certainement des pratiques différentes, tant en ce qui concerne la création, la fabrication que la réception. Mais il me semble qu'il convient de ne pas transformer ces différentes pratiques en querelles de clocher. Tout ceci est fortement imbriqué, même si le marketing a parfois tendance à segmenter pour constituer des petites communautés plus faciles à manœuvrer. Un Mœbius, par exemple, a très fortement influencé les créateurs japonais de manga, alors que lui-même vient en droite ligne de la bande dessinée belge, puisqu'une partie de sa formation s'est effectuée auprès d'un maître belge, à savoir Jijé. Cela ne l'a pas empêché de produire des comics, avec notamment Stan Lee, dans un épisode emblématique du Surfer d'Argent. Dans cet exemple, tout est connu, je ne fais qu'énoncer des lieux communs de la BD. Mais cela montre bien qu'il ne faut pas trop prendre au sérieux ces différences (manga, BD, comics). Le SoBD veut donc parler de la BD dans son ensemble. Et cette remarque vaut aussi pour le compartimentage de la bande dessinée en mainstream et indépendants. Même s'il est vrai que nous donnons aujourd'hui une belle visibilité à l'édition indépendante, ce dont nous sommes très fiers et très heureux.
BD9 : Pour cette 4ème édition, Quel est le programme que vous proposez aux visiteurs ?
RC : J'ai déjà évoqué plusieurs points de notre programme 2014, mais pas tous, loin s'en faut. Voici donc quelques éléments saillants de notre édition désormais toute proche (le salon ouvre du 28 au 30 novembre, c'est bientôt !).
Tout d'abord, il faut mentionner nos invités d'honneur, à savoir David B. et Jean-Marc Pontier. David B. est un artiste connu. Il a participé activement à la naissance de L'Association, la plus connue des maisons d'édition qui ont conduit au renouvellement de la bande dessinée au début des années quatre-vingt-dix. David B. est un dessinateur de grand talent, dont l'œuvre se détache fortement. C'est à lui que nous devons l'affiche du SoBD 2014. Nous lui consacrons une belle exposition, réalisée en partenariat avec la Galerie Oblique, où nous présenterons plusieurs dizaines de planches originales, certaines n'ayant pas encore été montrées ni publiées en France. Jean-Marc Pontier est aussi un dessinateur, mais en l'occurrence nous l'invitons pour le livre qu'il a publié sur David B., intitulé Lectures de David B.
Côté Rencontres, nous proposons 14 tables rondes, organisées en quatre cycles. Outre les Rencontres du SOB, dont j'ai déjà parlé, un cycle est consacré aux invités d'honneur. On pourra donc entendre David B. parler de son œuvre, en compagnie de Jean-Marc Pontier, mais aussi d'autres invités, comme Emmanuel Guibert, Jeanne Puchol, Christian Rosset, Christian Godart, etc.
Depuis l'an passé, nous proposons un cycle étranger, destiné à mettre en avant la bande dessinée d'une autre aire géographique que la francophone européenne. Cette année, nous avons fait le choix du Royaume-Uni, et nous proposons donc une série de rencontres dont je suis très fier, avec de très grands artistes comme Dave McKean (Cages, Les Fous d'Arkham, etc.), Kevin O'Neill (La Ligue des Gentlemen extraordinaires), Pat Mills (La Grande guerre de Charlie), Hannah Berry (Britten et associé) et encore deux spécialistes anglais de la bande dessinée, à savoir Paul Gravett et Ann Miller.
Enfin, nous poursuivons nos rencontres autour de la thématique "Publier la bande dessinée", en abordant des sujets variés, allant du technique (Comment réaliser un album numérique) au politique (sur la censure dans la bande dessinée).
Toutes ces rencontres sont en accès gratuit, sur inscription préalable sur le site Web du salon (www.sobd2014.com).
Mais ce n'est pas tout. Outre une exposition dédiée à David B, nous présenterons encore deux accrochages consacrés à deux artistes édités par la maison Tartamudo, à savoir Christian Maucler et Vincent Pompetti. Dans une veine très différente, on pourra découvrir les travaux d'un dessinateur qu'on pourrait qualifier de classique franco-belge et d'un autre œuvrant dans l'aquarelle. Je précise qu'en ce qui concerne ces deux expositions, les œuvres présentées seront disponibles à la vente. Une belle occasion de choisir un cadeau à quelques semaines des fêtes de fin d'année.
En 2014, nous avons beaucoup travaillé pour renouveler le salon, et nous avons donc encore une nouveauté au programme. Il s'agit de deux performances (samedi 29 et dimanche 30 après midi), réalisées par nos amis des Soirées Dessinées. Des dessinateurs viendront créer sur le salon, devant le public, deux grandes fresques d'une dizaine de mètres de longueur. Le samedi, la performance aura lieu en compagnie de David B. et de Catel, qui était notre invitée d'honneur l'an passé. Le dimanche, tous les dessinateurs du salon qui le souhaiteront pourront s'associer à la performance.
Pour finir, je précise que l'accès au salon est entièrement gratuit. Je suis certain que les lecteurs de La Bande du 9 découvriront de belles choses sur le SoBD 2014. Par ailleurs, ils pourront s'y faire dédicacer des livres, et ainsi personnaliser leurs cadeaux de Noël
Merci Renaud pour le temps que vous nous avez accordé dans cette dernière ligne droite,
Et nous rappelons que le site de la Bande Du 9 est partenaire de ce salon.
Nous sommes à quelques jours de l’ouverture du salon SOBD qui aura lieu du 28 au 30 Novembre à Paris à l’espace des blancs manteaux,
BD9 : Afin de faire mieux connaissance, pouvez-vous vous présenter et nous donner votre rôle au sein de cette manifestation ?
RC : Je suis l'organisateur du salon SoBD. Le terme officiel est commissaire général, mais il prête à confusion. Donc, disons ici organisateur.J'ai également créé la librairie en ligne Stripologie.com. C'est une librairie un peu particulière à plusieurs égards, et tout d'abord parce qu'elle est très spécialisée. Elle ne vend que des livres qui traitent de bande dessinée. Des monographies d'artistes, des ouvrages théoriques, des livres d'histoire de la bande dessinée, etc. Je pense qu'elle se distingue aussi par le soin avec lequel les ouvrages y sont présentés. Ce soin demande beaucoup de temps, ce qui explique que nous avons mis peu de livres en ligne. C'est un travail au long cours… Mais c'est une autre histoire, et je laisse vos lecteurs aller y jeter un œil pour se faire une idée.
Enfin, je suis auteur de plusieurs textes sur la bande dessinée. Des articles publiés notamment dans la revue Bananas (et plus anciennement Critix), mais aussi deux livres qui se consacrent à la question de la mise en page de la bande dessinée (en vérité, je préfère le terme de composition). Le premier est une étude de la composition chez Jacobs, et le second est un traité intitulé Composition de la bande dessinée, qui aborde la question sous un angle beaucoup plus général. Ces deux livres sont parus chez PLG, et on peut bien entendu les trouver sur Stripologie.com.
BD9 : On imagine facilement tout le travail à réaliser pour mettre en œuvre une telle organisation, mais comment vous est venu l’idée de vouloir créer un salon de Bande Dessinée au cœur de Paris ?
RC : Vous imaginez bien que ce que je viens de vous dire n'est pas sans rapport avec la réponse à votre question.
Ayant écrit plusieurs livres sur la bande dessinée, j'ai été assez agacé de ne les voir occuper les rayonnages des libraires que quelques semaines. Une étude sérieuse prend du temps. Cinq ans pour chaque livre en ce qui me concerne. Ne disposer que de quelques semaines pour convaincre le public, ce n'est pas assez. Pourtant, il en va ainsi aujourd'hui. Le délai d'exposition des livres est très court. Cette brièveté ne permet pas à un livre de faire son chemin, un chemin qui est pourtant au moins aussi long après la parution que le temps qu'il a fallu pour le concevoir avant la parution.
Ce constat est une des réflexions qui m'a conduit à ouvrir Stripologie.com.
Une autre réflexion est l'observation suivante : il existe de nombreux ouvrages sur la bande dessinée. Mais ils ne sont pas visibles. Nulle part. Je vous mets au défi de trouver une bibliothèque disposant d'un rayon de plus de… allez, disons de plus de 100 livres sur la bande dessinée. Ça peut paraître énorme, 100 livres sur la bande dessinée, mais c'est peu en vérité. Et pourtant, personne ne les montre ces livres. L'absence de visibilité de ces livres est préjudiciable à la discipline. D'abord, ça donne à penser que c'est une discipline sans recul, sans réflexion, sans étude. Autrement dit, cela entretient l'idée d'une discipline de peu d'importance. Mineure, diraient certains. Ensuite, c'est préjudiciable pour les chercheurs, les artistes et les amateurs, qui ne peuvent pas accéder aux informations et aux questionnements que proposent ces livres. Harry Morgan et Manuel Hirtz ont tenté de remédier à cet état de fait en publiant les deux éditions du Petit Critique illustré, chez PLG (1997 puis 2005). Un travail important, remarquable même, qui a été probablement desservi par le ton volontiers mordant, parfois un peu trop, adopté par les deux auteurs. La création de Stripologie.com est un prolongement du travail de Morgan et Hirtz.
Me faisant ces réflexions, au moment où je travaillais à l'ouverture de Stripologie.com, j'en ai parlé à Pierre-Marie Jamet, un des fondateurs de PLG avec Dominique Poncet et Philippe Morin (ce dernier assurant seul la destinée de PLG depuis déjà une bonne décennie). Pierre-Marie a ouvert il y a quelques années une galerie consacrée à la BD, la Galerie Oblique, dans le Marais parisien, au Village Saint-Paul. Il m'a pris au mot, et m'a proposé de concevoir un événement dédié aux ouvrages sur la bande dessinée.
Ainsi est né le Salon des Ouvrages sur la Bande dessinée, le SOB, dont la première édition a eu lieu en 2010 à la Galerie Oblique. L'accueil a été excellent. Les spécialistes eux-mêmes étaient surpris, en venant, de trouver tous ces livres sur la BD. Eux-mêmes ne soupçonnaient pas l'importance de cette littérature. Au bout de deux ans, le succès se confirmant, nous avons changé de dimension et nous sommes allés nous installer à l'Espace des Blancs Manteaux, à quelques pas de la Galerie Oblique, toujours dans le Marais.
L'Espace des Blancs Manteaux étant beaucoup plus grand, nous avons pu élargir l'événement et accueillir également des éditeurs de bande dessinée, et plus seulement d'ouvrages sur la bande dessinée, mais aussi des libraires, des galeries. Nous avons également considérablement renforcé notre programme de Rencontres et de Tables rondes, avec 14 rencontres regroupant plusieurs dizaines d'auteurs, d'artistes, de spécialistes, de chercheurs, d'éditeurs, etc...
BD9 : Qu’est ce qui différencie votre salon des autres festivals BD ?
RC : Et bien, vous l'aurez compris, nous nous différencions d'abord par la place accordée aux livres sur la bande dessinée. Une place unique en France, et probablement en Europe, sinon dans le monde. Cette attention portée au discours sur la BD se retrouve d'ailleurs dans notre programme de conférences, via les Rencontres du SOB. Ces rencontres comprennent notamment une Revue de littérature, où plusieurs spécialistes commentent les ouvrages sur la BD parus dans l'année, et une série de Commentaires de planches, occasion de confronter de manière vivante et pratique différentes manières d'aborder, de commenter et peut-être d'expliquer la bande dessinée. L'importance que nous donnons à ces discours sur la bande dessinée se concrétise aussi cette année par une rencontre que nous organisons entre Thierry Smolderen et Thierry Groensteen autour de la figure de Töpffer. Une rencontre inspirée par la parution de deux livres importants pour l'histoire de la bande dessinée, à savoir le Naissances de la Bande dessinée de Smolderen et, plus récemment, le M. Töpffer invente la Bande dessinée de Groensteen. J'en profite pour dire que ces deux livres sont disponibles sur Stripologie.com. Fin de la coupure pub.
Toujours dans le même ordre d'idée, nous lançons cette année avec la revue Papiers Nickelés le Prix Papiers Nickelés SoBD du meilleur ouvrage sur la BD et le patrimoine dessiné. Cette initiative, que nous menons en partenariat avec la revue dirigée depuis dix ans par Yves Frémion, a pour objectif d'attirer l'attention sur cette littérature. Vous voyez, nous tachons de multiplier les initiatives pour mieux faire connaître les études sur la bande dessinée.
Au-delà de cette spécificité historique du salon, j'ai le désir de faire du SoBD un événement éclectique, ouvert à tous les aspects de la discipline, qu'on l'entende comme "9e Art", comme "BD", qu'on lui donne l'appellation de "manga", de "bande dessinée", de "comics" ou ("comix"), etc. Ces termes recouvrent certainement des pratiques différentes, tant en ce qui concerne la création, la fabrication que la réception. Mais il me semble qu'il convient de ne pas transformer ces différentes pratiques en querelles de clocher. Tout ceci est fortement imbriqué, même si le marketing a parfois tendance à segmenter pour constituer des petites communautés plus faciles à manœuvrer. Un Mœbius, par exemple, a très fortement influencé les créateurs japonais de manga, alors que lui-même vient en droite ligne de la bande dessinée belge, puisqu'une partie de sa formation s'est effectuée auprès d'un maître belge, à savoir Jijé. Cela ne l'a pas empêché de produire des comics, avec notamment Stan Lee, dans un épisode emblématique du Surfer d'Argent. Dans cet exemple, tout est connu, je ne fais qu'énoncer des lieux communs de la BD. Mais cela montre bien qu'il ne faut pas trop prendre au sérieux ces différences (manga, BD, comics). Le SoBD veut donc parler de la BD dans son ensemble. Et cette remarque vaut aussi pour le compartimentage de la bande dessinée en mainstream et indépendants. Même s'il est vrai que nous donnons aujourd'hui une belle visibilité à l'édition indépendante, ce dont nous sommes très fiers et très heureux.
BD9 : Pour cette 4ème édition, Quel est le programme que vous proposez aux visiteurs ?
RC : J'ai déjà évoqué plusieurs points de notre programme 2014, mais pas tous, loin s'en faut. Voici donc quelques éléments saillants de notre édition désormais toute proche (le salon ouvre du 28 au 30 novembre, c'est bientôt !).
Tout d'abord, il faut mentionner nos invités d'honneur, à savoir David B. et Jean-Marc Pontier. David B. est un artiste connu. Il a participé activement à la naissance de L'Association, la plus connue des maisons d'édition qui ont conduit au renouvellement de la bande dessinée au début des années quatre-vingt-dix. David B. est un dessinateur de grand talent, dont l'œuvre se détache fortement. C'est à lui que nous devons l'affiche du SoBD 2014. Nous lui consacrons une belle exposition, réalisée en partenariat avec la Galerie Oblique, où nous présenterons plusieurs dizaines de planches originales, certaines n'ayant pas encore été montrées ni publiées en France. Jean-Marc Pontier est aussi un dessinateur, mais en l'occurrence nous l'invitons pour le livre qu'il a publié sur David B., intitulé Lectures de David B.
Côté Rencontres, nous proposons 14 tables rondes, organisées en quatre cycles. Outre les Rencontres du SOB, dont j'ai déjà parlé, un cycle est consacré aux invités d'honneur. On pourra donc entendre David B. parler de son œuvre, en compagnie de Jean-Marc Pontier, mais aussi d'autres invités, comme Emmanuel Guibert, Jeanne Puchol, Christian Rosset, Christian Godart, etc.
Depuis l'an passé, nous proposons un cycle étranger, destiné à mettre en avant la bande dessinée d'une autre aire géographique que la francophone européenne. Cette année, nous avons fait le choix du Royaume-Uni, et nous proposons donc une série de rencontres dont je suis très fier, avec de très grands artistes comme Dave McKean (Cages, Les Fous d'Arkham, etc.), Kevin O'Neill (La Ligue des Gentlemen extraordinaires), Pat Mills (La Grande guerre de Charlie), Hannah Berry (Britten et associé) et encore deux spécialistes anglais de la bande dessinée, à savoir Paul Gravett et Ann Miller.
Enfin, nous poursuivons nos rencontres autour de la thématique "Publier la bande dessinée", en abordant des sujets variés, allant du technique (Comment réaliser un album numérique) au politique (sur la censure dans la bande dessinée).
Toutes ces rencontres sont en accès gratuit, sur inscription préalable sur le site Web du salon (www.sobd2014.com).
Mais ce n'est pas tout. Outre une exposition dédiée à David B, nous présenterons encore deux accrochages consacrés à deux artistes édités par la maison Tartamudo, à savoir Christian Maucler et Vincent Pompetti. Dans une veine très différente, on pourra découvrir les travaux d'un dessinateur qu'on pourrait qualifier de classique franco-belge et d'un autre œuvrant dans l'aquarelle. Je précise qu'en ce qui concerne ces deux expositions, les œuvres présentées seront disponibles à la vente. Une belle occasion de choisir un cadeau à quelques semaines des fêtes de fin d'année.
En 2014, nous avons beaucoup travaillé pour renouveler le salon, et nous avons donc encore une nouveauté au programme. Il s'agit de deux performances (samedi 29 et dimanche 30 après midi), réalisées par nos amis des Soirées Dessinées. Des dessinateurs viendront créer sur le salon, devant le public, deux grandes fresques d'une dizaine de mètres de longueur. Le samedi, la performance aura lieu en compagnie de David B. et de Catel, qui était notre invitée d'honneur l'an passé. Le dimanche, tous les dessinateurs du salon qui le souhaiteront pourront s'associer à la performance.
Pour finir, je précise que l'accès au salon est entièrement gratuit. Je suis certain que les lecteurs de La Bande du 9 découvriront de belles choses sur le SoBD 2014. Par ailleurs, ils pourront s'y faire dédicacer des livres, et ainsi personnaliser leurs cadeaux de Noël
Merci Renaud pour le temps que vous nous avez accordé dans cette dernière ligne droite,
Et nous rappelons que le site de la Bande Du 9 est partenaire de ce salon.
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