La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Jacobs considérait le dessin comme un gagne-pain, il aurait aimé être chanteur d’opéra, il finira comme l’un des plus illustres auteurs de Bande Dessinée avec une série connue de tous même des non-initiés. Une très belle biographie proposée par deux auteurs proches de lui à la fois par le cœur et le style.
 
 
Il pleut. Les rues sont désertes et pourtant, là au milieu de la nuit, un jeune homme court une canne à la main. Il arrive au pied du mont du Cinquantenaire et se met à gravir les nombreuses marches qui vont le mener à ce musée. Une fois arrivé devant le bâtiment, le jeune homme passe dans l’arrière-cour, et traverse avec un complice les nombreuses salles et coulisses du musée jusqu’à ce que le gong retentisse. Car tout ceci n’est qu’un rêve, celui d’Edgar Pierre Jacobs. En 1919, Edgar n’est qu’un jeune garçon qui ambitionne avant tout de faire carrière dans l’opéra. Il est également fasciné par l’art antique égyptien. Accompagné de son ami de toujours et pour toujours Jacques Van Melkebeke, ils vont donner vie au rêve d’Edgar de se retrouver enfermés dans le musée du Cinquantenaire. La vie va ainsi se poursuivre, Edgar va tenter de percer dans le chant avec sa voix de Baryton mais ses études aux beaux-arts et son don vont l’amener à vivre une autre carrière semée d’une multitude de rencontres.
 
 
Découvrir une biographie, qui plus est, sur un auteur de Bande Dessinée ne semble pas très existant à la base quand bien même il s’agirait de l’auteur de Blake et Mortimer. Visiblement les auteurs François Rivière et Philippe Wurm ont pris le sujet très au sérieux et se basent sur de réels entretiens réalisés avec l’auteur et fraîchement conservés. Cette première approche donne de la crédibilité pour s’atteler à la découverte de cet ouvrage qui ne semble pas une reconstruction scénarisée, romancée et embellie.
Dès les premières pages, on découvre un univers plaisant, agréable. Le découpage de l’histoire, des planches, donnent aux évènements de la vie de Jacobs un enchaînement naturel. On y apprend une multitude de choses sur la vie de l’auteur, ses relations avec la gente féminine, ses envies de percer dans l’opéra, ses rencontres avec les gens du milieu de la Bande Dessinée notamment avec Hergé, ses déceptions avec ces mêmes personnes et surtout la naissance de ses albums en commençant par le Rayon U, ses méthodes de travail non pas graphiquement parlant mais ses méthodes, ses recherches pour donner naissance à ses histoires.
 

Jacobs était, c’est comme cela que nous le ressentons, un homme passionné, très intelligent et visiblement beaucoup trop gentil sans aucune dose de méchanceté. Cette qualité visiblement lui a été quelque peu préjudiciable dans sa carrière, car à la lecture de cet ouvrage, tout porte à croire que beaucoup de personnes se sont servies du talent de ce grand Monsieur qui n’a sûrement pas eu la reconnaissance qu’il méritait de son vivant.
Une très belle biographie, intimiste, marquante qui vous donnera envie d’aller rechercher vos vieux Blake et Mortimer au fond de votre bibliothèque poussiéreuse. Merci aux auteurs pour ce très bel ouvrage.

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