La bande du 9 : La communaut du 9ème art

L’étau se resserre autour de la couronne de France et la reine Jeanne de Bourgogne ne sait plus sur qui compter. Peut-être le diable ?
La conclusion haute en couleur d’une saga qui l’est tout autant !
   
1328, le jeune couple Philippe VI de Valois et Jeanne de Bourgogne monte sur le trône. Le sacre est un évènement particulier qui glorifie le jeune roi. Pour l'accompagner dans ce moment si particulier, Philippe VI demande à Louis de Nevers de lui apporter l'épée de Charlemagne. Profitant de l'occasion, Louis revendique les Flandres dont il a été chassé. Si le roi se sent contraint, sa victoire renforce son trône et son statut de roi chevalier. La couronne ne reste cependant pas longtemps sans ennemi : le jeune roi d'Angleterre refusant de prêter serment au roi de France fait souffler un vent de révolte. Pire, le plus proche conseiller du roi, et de la reine, Robert d'Artois espère pouvoir récupérer son bien : l'Artois. Faisant preuve d'une fidélité à toute épreuve et épris de sa reine, Robert accomplit maints exploits diplomatiques. Malheureusement, il se laisse embarquer dans une histoire de faux documents pour récupérer l’Artois. Lorsque la combine été éventée, Robert s’attache à sa trahison et même la reine n'arrive pas à convaincre le roi de pardonner. Pour la reine, la perte de cet allié pourrait néanmoins bien servir ses desseins.

Parmi les reines de France, si certaines sont passées à la postérité, bon nombre ont été effacées de la mémoire collective. Imaginez alors le sort d'une reine haïe dès son époque ! Heureusement, la collection Les reines de sang est là pour redorer leur blason et leur redonner leur place dans l'Histoire. C'est ainsi que France Richemond rend hommage à la mâle reine, Jeanne de Bourgogne, reine de France à la veille de la guerre de Cent temps. C'est une nouvelle fois l'occasion pour l'historien de démontrer toute l'étendue de ses talents de conteuse. Elle part de ce qui fait l'histoire et intègre une bonne dose d'invention. Dans son récent La couronne de verre, la scénariste imaginait le destin des frères du Chatel. Ici, c'est la vie de la reine qui est romancée car toute reine qu’elle fut, elle n'a laissé de très peu de traces, comme toutes les femmes de son époque. Réécrire la vie d'une reine n’est cependant pas chose aisée car le XIVe siècle n'est certainement pas l'époque la mieux connu de nos contemporains. Alors bien sûr, l'album, et ses prédécesseurs, font quelques peu leçon d'histoire de lycée mais assez rapidement, le décor et les personnages prennent place. Et puis, on finit par se laisser porter par la narration. Il y a bien quelques ellipses qui rompent le rythme et des personnages dont on ne sait plus qui ils sont et quel est leur rôle mais ces désagréments n'empêchent pas la compréhension globale de l'intrigue. Mieux, je trouve même qu’ils renforcent ce sentiment de cahot propre aux guerres médiévales. Non, le seul petit reproche que je ferai à l'album tient davantage au dessin qu'au scénario. Les décors et les scènes de bataille sont vibrantes de réalisme et de dynamisme. Les personnages sont assez charismatiques et le lecteur les identifie presque tous au premier regard. Le seul problème vient plutôt du manque de régularité dans leur représentation. Cette reine qu’on adore détester mais qui est tout de même belle devient parfois d'une laideur atroce sans qu'on comprenne très bien pourquoi. Et ce n'est malheureusement pas la dernière planche qui relèvera cette inégalité tant l’aspect masculin de la reine y est omniprésent. Même si les plus optimistes y verront plutôt une illustration du titre La reine mâle, je lui préfère indubitablement la couverture où l’aspect guerrière est privilégié !
 
Avec cet album se clôt la biographie de Jeanne de Bourgogne, la mâle reine. Une histoire haute en couleur qui ravira les amateurs de biographie et d’Histoire.

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