La bande du 9 : La communaut du 9ème art

 

Scénario : Fred Duval et Jean Pierre Pécau, assistés de Fred Blanchard
Dessins : Vladimir Aleksic
Couleurs : Nuria Sayago
Édition : Delcourt

 
Après des années de calme relatif ; la Fronde reprend de plus belle. Le roi d’Espagne est décidé à en finir avec son homologue français. C’est l’heure pour D’Artagnan de renfiler son uniforme de mousquetaire pour espérer, une fois encore, sauver le royaume !
Une superbe aventure de cape et d’épée sur le modèle uchronique. La conclusion d’un diptyque à ne rater sous aucun prétexte !
 
D'Artagnan est enfin arrivé à Belle-Île. Il y a retrouvé ses deux vieux comparses mousquetaires Aramis et Portos. Sous leur égide, les négociations entre français, anglais et hollandais vont porter leurs fruits. Le roi de France, par la voix d'Antoine de Montbéliard, protégé de Mazarin, donne la Normandie aux Anglais et les Flandres au Provinces-Unies. En échange, les deux marines bloquent la Manche et la Seine sauvant ainsi Paris. Il faut dire que, de son côté, le nouveau roi d'Espagne n'a pas la grandeur d'âme ni la finesse diplomatique de son père. Carlos a décidé de porter l'estocade sur le royaume croupion de France. Pour ce faire, il peut compter sur son bras armé en France, le Grand Condé, bien secondé par son frère Conti. S'engage dès lors une bataille décisive aux portes de Paris. Assiégé dans sa capitale, Philippe VII voit son plan se mettre en place. Malheureusement, et malgré la présence des Trois Mousquetaires dans les rangs de l'armée à la fleur de lys, la bataille s'annonce particulièrement indécise...

La chose géniale avec l'uchronie, c'est que ce genre regroupe tous les autres. Il se plie à toutes les envies, à tous les délires de scénariste. Envie d'une comédie romantique ? Imaginez toutes les romances qui auraient pu se tisser sur le Titanic si le navire n'avait pas fait de fâcheuse rencontre. Envie de géopolitique contemporaine ? et voilà le Moyen-Orient redessiné après le déjouement des attentats du 11 septembre. Il semble bien que pour ce 40e opus de la plus célèbre série uchronique, Fred Duval et Jean-Pierre Pecau aient eu envie de cape et d'épée;  une envie irrésistible de rendre hommage au plus grand maître du genre: Alexandre Dumas. Et quel meilleur héros que Charles de Batz de Castelmore dit d'Artagnan! Force est de constater que les scénaristes ont réussi leur coup. On retrouve donc le vieux maître d'armes à Belle-Île, entouré de ses non moins anciens amis Portos et Aramis. Ensemble ils vont mettre leur fine lame au service du roi de France. Comme ils l'ont toujours fait, me direz-vous. Certes sauf qu'ici, point de Roi Soleil mais un nain couvé par la couronne d'Espagne sur le point d'être balayer par le nouveau monarque. À travers un récit extrêmement bien documenté, le lecteur assiste comme envouté à cette lutte fratricide entre le roi de France et les frondeurs. Jeux d'influence, coups bas et trahisons s’enchaînent presque aussi rapidement que les coups d'épée lors d’un duel et on arrive au dénouement sans s’en être rendu compte. Malheureusement, le titre est-il un peu trop révélateur mais l'intrigue rebondit à quelques pages de la fin autour de l'autre héros, Antoine de Montbéliard. Côté dessin, Vladimir Aleksic nous propose une copie en tout point sérieuse. En quelques cases bien choisies et soignées, on se familiarise avec les personnages. Les scènes d'action, duel ou bataille portent l'estocade au lecteur qui regrettera malgré tout quelques vignettes tombées dans le poison de la facilité.

Qu'importe, l'essentiel est bien présent. Un récit de cape et d'épée uchronique très bien réalisé qui opère un changement de héros ouvrant ainsi la porte à une nouvelle saga qu'on espère digne de la lignée.

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