La bande du 9 : La communaut du 9ème art

L’affaire Markovic a éclaboussé le monde politique français dans les années 70. Jean Yves le Naour et Manu Cassier se sont associés pour mettre en image ce scandale qui mêle à la fois le monde politique, artistique et le milieu de la nuit. Cette affaire n’aurait pas eu autant de retentissement si elle n’avait pas impliqué un bon nombre de personnes célèbres. Une intrigue policière dans laquelle le lecteur va être embarqué de bout en bout avec la grande question du suspens de « comment tout ceci va bien pouvoir se terminer ».
 
 
Juin 1968, dans un appartement parisien, la fête bat son plein, danse, alcool et cocaïne sont au menu. Parmi les festifs, Stefan et Uros ne semblent pas les derniers. Au petit matin, le propriétaire de l’appartement, qui n’est autre que le jeune acteur Alain Delon, ne semble pas ravi de la situation et chasse aussitôt son homme à tout faire Stefan Markovic. Il faut dire que ce dernier n’est pas un enfant de cœur et toute circonstance est bonne à prendre pour se faire du blé. Parallèlement à cette anecdote, la France est dans une situation politique en pleine mutation, Le Général de Gaulle est au pouvoir, vieillissant, il sort des évènements de mai 1968 qui lui ont laissé des traces notamment auprès de sa confiance envers son premier ministre Georges Pompidou. Pourtant ce dernier commence à devenir populaire et pourrait devenir un danger pour les successeurs du Général.
 
 
L’affaire Markovic n’est pas un roman de fiction. L’affaire débute le 22 septembre 1968 par la découverte du corps de Stefan Markovic dans une décharge dans les Yvelines. Ce qui aurait pu être un banal fait divers va prendre une tout autre tournure. En effet ce jeune ressortissant yougoslave n’est autre qu’un employé d’Alain Delon qui avait pour habitude de fréquenter le milieu artistique et plus particulièrement le monde de la nuit. Les premiers résultats de l’enquête auraient pu conclure à un règlement de compte mais l’intervention de son frère et des médias vont orienter la police vers d’autres pistes dont celui du chantage. Markovic aurait mis en place une machinerie qui impliquerait des personnalités les plus haut placées de la sphère politique dont le premier ministre Georges Pompidou.
 

C’est cette affaire que le scénariste Jean Yves Le Naour a choisi de mettre en scène. Plus habitué à œuvrer dans le périmètre de la première guerre mondiale, l’historien se décale vers le monde politique pour offrir à ses lecteurs la mise en image de ce scandale politique. L’auteur va mettre en avant les faits, rien que les faits à quelques détails près, mais à aucun moment il ne prend parti dans la situation, une construction scénaristique qui mérite d’être soulignée et fortement appréciée lors de la lecture.
Les premiers pas sont malgré tout assez poussifs, le temps que les éléments s’installent, on a du mal à voir où cette succession de personnages va nous mener mais dès la découverte du corps, l’action prend un autre rythme et il est impossible de lâcher l’album jusqu’à la fin. Nous ne détaillerons pas ici les dessous de l’affaire, cela gâcherait votre lecture mais pour ceux qui ne connaissaient pas le sujet, vous allez être embarqués dans une intrigue policière mêlant à la fois personnages célèbres, manipulation, secret et milieu de la nuit.
 

Le dessin est confié à Manu Cassier (auteur également du second volet de facteur pour femmes) qui a travaillé son style pour coller parfaitement aux années 70, utilisant même des couleurs proches du noir et blanc pour donner un côté encore plus vintage. Graphiquement nous ne sommes pas dans un dessin type des années 70 et tant mieux mais les codes de l’époque sont respectés au niveau vestimentaire, décor et matériel. Les personnages sont loin d’être caricaturaux, ce qui peut poser quelques soucis de compréhension dont il faudra s’adapter.
Un très bon moment passé en compagnie de cet album qui a été au-delà de mes espérances. Un livre à lire par tous les amoureux d’affaires politiques mais également tous ceux qui ont soif de culture.

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