Pénélope et ses « Amazones » Lampedo, Antiope et Marpésia , sans oublier le fidèle chien Argos, poursuivent leur errance en Méditerranée. Elles arrivent sur une île désertique, elles débarquent dans

l'espoir qu'une personne leur indique le chemin d'Ithaque. Rapidement, elles sont attaquées par un mystérieux chien à trois têtes qui les pourchasse jusque dans une caverne. A l'intérieur, elles tombent nez à nez avec Charon, le passeur du fleuve Styx. Seulement, ces dames sont pressées et elles lui faussent rapidement compagnie. De retour sur la plage, elles tuent un bélier; car après tout, il faut bien manger ! Immédiatement, cela réveille une armée de zombies bien décidés à venger l’ovin . Pénélope ne doit la vie sauve à l'intervention d'Anticlée, sa belle-mère. Sain et sauf sur le bateau, le quatuor reprend la route et tombe rapidement sur Charybde et Scylla. Englouties par Scylla , la reine et ses amies se retrouvent à une époque où Ithaque a profondément changé. Heureusement, sur les conseils d'Athéna, Ulysse a laissé un objet qui devrait permettre à son épouse de le rejoindre. Mais avant cela, il subsiste encore beaucoup d'obstacles pour la reine Pénélope…
L’heure semble être au woman washing. Encore un anglicisme ! Certes, mais il s'agit d'un mouvement originaire d'outre-Atlantique qui consiste à prendre un blockbuster populaire, contenant beaucoup d’hommes et d'en faire un remake en inversant les sexes. C'est ainsi que
SOS
fantôme ou
Superman ont eu droit à leur version féminisée qui, il faut bien l'avouer, n’ont convaincu personne. Difficile de ne pas voir ce woman washing lorsque Bernard Swysen et Christian Paty détournent l' œuvre d’Homere pour mettre la fière Pénélope à la place du doux Ulysse. Non, la douce Pénélope à la place du fier Ulysse. Et pourtant, il n'en n'est rien ! Bien sûr le roi d'Ithaque et ses guerriers sont remplacés par la reine et une poignée d'amazones. Bien sûr, le mythe originel est une puissante source d'inspiration mais à part ça... L'amateur éclairé de l'
Odyssée retrouvera quelques noms, quelques épisodes marquants. Il était question de Polyphème, le Cyclope dans l'épisode précédent, on découvre ici Charon et Cerbère mais aussi Charybde et Scylla. Et puis, il y a toujours en filigrane la vengeance de Poséidon par l'intermédiaire de l’indécrottable Triton. C'est donc une toute nouvelle histoire que nous propose Bernard Swysen. Une histoire bien déjantée qui emmène Pénélope et ses amies aux confins de l'espace et du temps. Une histoire qui, même si elle peut se résumer à une succession de débarquements sur les îles méditerranéennes, ne manque ni de rythme ni de souffle. On prend beaucoup de plaisir à suivre les pérégrinations de Pénélope d'autant que les dialogues sont toujours très drôles. Ils jouent beaucoup sur les clichés mais la plupart des jeux de mots sont assez irrésistibles. Et puis, tout le monde, homme et femme, en prend pour son grade, parité bien ordonnée commençant par soi-même. N'oublions pas

le trait caricatural de Christian Paty. Le dessinateur des
Blondes dresse une galerie de méchants à la hauteur du mythe. A elles quatre, les héroïnes sont également complémentaires et cela se voit. Leurs réactions sont toujours exagérées et c'est bien cela qui est drôle ! Les décors sont aussi irrésistibles que peu présents. C'est surtout les interactions et la quête qui sont au cœur du dessin même si la demeure d'Hadès, les rivages du serpent originel ou encore les abysses ne manquent ni d'originalité ni de beauté.
L'odyssée de Pénélope marque donc plus que la revanche d'une reine. Il s'agit d’une relecture féminisée et hilarante du mythe. Un album qui met immédiatement de bonne humeur.
La Bande Du 9