La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Au début du XXe siècle, un ancien gardien de phare s’associe avec un industriel du goémon. Si tout les sépare, ils vont tout de même vivre une expérience extraordinaire au-delà des barrières sociales.
Après Les chasseurs d’écume, François Debois et Serge Fino lancent une nouvelle saga à l’odeur iodée. Une grande aventure au pays des goémoniers ! Un portrait sociétal magistral !
 
Alors qu'elle s'apprête à épouser François, jeune et prometteur officiel de la marine, Anne fait la rencontre d'Yves Kerleo. Entre la jeune promise et le gardien de phare, c'est le coup de foudre. D'autant que le jeune homme lui promet de passer le reste de ses jours auprès d'elle. Il quitte donc ses fonctions et achète une ferme sur l'île de Béniguet. Dans son entreprise, il est aidé par Eugène Lemarchand, maire et industriel du Conquet. L'homme d'affaires lui propose une association : il l'incite à devenir goémonier. Il faut dire que cette algue des côtes bretonnes est devenue une sorte d'or vert, indispensable à la médecine et à la photographie. Yves devra aider l'industriel à moderniser la fabrication de l'iode, il devra être les yeux et les oreilles de Lemarchand mais surtout son intermédiaire avec les goémoniers bretons qui n'apprécient guère les Terriens. Seulement, les affaires, comme l'amour, semblent soumises aux tempêtes bretonnes...

Si la Bretagne est une terre de légendes, elle est aussi une terre d'hommes. C'est ainsi que François Debois et Serge Fino avaient décrit l'univers, la vie des pêcheurs de sardines au début du 20e siècle en adaptant L'épopée la sardine dans la saga familiale Les chasseurs d'écume. Ils renouvellent le procédé en adaptant cette fois Le pain de la mer de Joël Raguénès. Ce sont les habitants du littoral qui sont dès lors racontés. Ces paysans aux conditions de travail rendues ardues par les vents, les embruns, les tempêtes. Sans parler de la solitude inhérente à la vie insulaire. Surtout, ces paysans sont assis sur une véritable mine d'or dont ils ignorent l'existence. Bien travaillées, les algues bretonnes donnent un excellent iode, indispensable à la médecine et à la toute jeune photographie. Cet album raconte donc la rencontre entre Yves Kerleo, jeune breton intelligent qui, par amour s'installe comme paysan goémonier et Eugène Lemarchand, industriel de l'iode. Si tout semble les opposer, ils vont malgré tout tisser un lien au-delà des barrières sociales. Après la lutte des classes, c'est une sorte d'espoir qu'il porte. Mais attention, pas d’angélisme puisque la vie d’Yves et de sa femme Anne et plus encore celle des goémoniers nous sont montrées sans fard. C'est plutôt une forme de paternalisme patronal dont il est question ici. Si l’intrigue se déploie alors simplement sur la réussite, probable, d’Yves ; de nombreuses péripéties rythment le récit rendant l'album très agréable à lire. Plaisir d'autant plus grand qu'il est renforcé par le dessin de Serge Fino. Après Les maîtres saintiers, le dessinateur revient à ses amours marins. Il nous gratifie d'un trait réaliste extrêmement expressif. Qui plus est, il entoure parfois ses personnages d'une sorte de voile, d’une aura qui n’est pas sans faire penser aux embruns bretons. Quant à la colonisation, que dire si ce n'est qu'elle est magistrale. Le bleu de l'océan n'ayant d'égal que le blanc de l'écume des tempêtes ou le brun de la terre.

Avec L’or des marées, François Debois et Serge Fino nous proposent donc une nouvelle saga à l'odeur iodée. Bon vent à eux !

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