La bande du 9 : La communaut du 9ème art

En pleine guerre froide, l’Italie connait une période noire. Aux attentats de l’extrême droite répondent les exécutions des Brigades Rouges. Dans ce contexte, un groupe de jeunes monte une organisation révolutionnaire.  De trahison en désillusion, ils connaitront la prison, la cavale  jusqu’à l’exode.
 
16 mai 1974. Pour la première fois depuis longtemps, le Giro, le Tour d’Italie, s’élance de Rome. A quelques rues de la ligne de départ, un fourgon blindé circule sans escorte : les carabiniers se chargeant de la circulation. Dans une petite rue, le guet-apens ! Les convoyeurs se rendent rapidement mais l’un d’eux tente un coup d’éclat… et un coup de feu claque!Changement de décor, changement d’époque. A Paris, en 2004, Marcello fait les cent pas à la maternité : il va bientôt devenir grand père ! A l’autre bout de la capitale, monsieur Massari se suicide. Quel est le lien entre ces deux personnages ?

Pour le découvrir, il faut plonger dans le passé. En 1969 pour être précis, et passer de l’autre coté des Alpes. On y découvre des jeunes gens pleins d’idéaux.  Il y a Césare, jeune voleur  de voiture impulsif, agissant pour le compte de Michel. Dit « le Katangais », ce jeune français reste bien mystérieux pour ses compagnons. Il y a Marco et Marcello. Deux frangins à peine sortis de l’adolescence et dont le père, un peu strict, milite au PCI. Il y aussi Alberto. Avec ses lunettes rondes, c’est l’intellectuel du groupe, celui qui veut changer le monde et qui rejette tout ce qui n’est pas révolutionnaire ! Et puis, il y a les filles. A commencer par Anna, qui pratique l’amour libre, puis Ornella et Penka, sans oublier Marianne, l’avocate. Leur objectif : changer l’Italie ! Mais ils se retrouvent pris dans le tourbillon de l’Histoire, coincés entre leur idéal pacifiste et les actions musclées des Bridages Rouges. Finalement, ils verront leur destin basculer sans réellement réussir à réaliser leurs rêves.
 

L’album est largement inspiré de l’affaire Batisti.  Dominique Heinri et Henri Labbé nous plongent dans l’Italie  de la Guerre Froide. A peine expié le fascisme, la droite transalpine se radicalise. Dans le même temps, la Démocratie Chrétienne et le Parti Communiste Italien, le plus puissant d’Europe, tentent de trouver un « compromis historique ». C’est dans ce contexte qu’une bande de jeunes révolutionnaires voit leur vie basculer. Ils ne sont pas des meneurs, tout juste des rêveurs, à peine des seconds couteaux.  Aspirés par le tourbillon de l’Histoire, ils vont se retrouver littéralement brouiller. Ils seront contraints de quitter leur pays pour se refugier dans la France de Mitterrand.

Le dessin est confié à Alexis Robin. Le trait est dynamique et précis. Les décors sentent bons l’Italie et les personnages ne manquent pas de charisme. La mise en couleur est également un élément important de l’intrigue. Chaque période est mise en couleur dans un camaïeu allant de l’ocre au bleu en passant par le vert. Cela permet de distinguer les périodes sans être obligé de les dater et sans perdre  le lecteur.

Cet album nous offre un éclairage sur une page noire de l’histoire italienne, assez peu connue du grand public français avec un angle différent de plus intéressant.

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