La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Le très attendu second volet du château des animaux sort dans un contexte particulier où nos libertés sont mises à rude épreuve. Mais cela n’a rien à voir avec la vie des habitants du château des animaux, soumis à un régime dictatorial où chacun n’est pas sûr de passer le rude hiver qui s’annonce. Un récit intelligemment mené par Dorison et Delep qui peut être abordé par une lecture plaisante et passionnante mais également  mené par une approche plus politique.
 
 
L’hiver vient de tomber, tous les animaux se transforment en bûcherons après leur journée de travail. Pourtant, ce dur labeur n’est pas pour leur compte mais pour celui du président Silvio afin de remplir gratuitement le grenier central. Ironie du sort, une fois le bois livré, les habitants sont obligés de payer en boutons pour acquérir une bûche qui leur permettra de se chauffer. Miss B, César et tous les autres sont soumis à cette règle implacable. Pour le moment, leurs actes de rébellion se limitent à taper dans un seau ou bien encore à dessiner des marguerites dans la neige.  Et en retour, pour mater l’insurrection,  le Président Silvio et ses conseillers leur imposent de porter un grelot autour du cou qui n’est pas sans rappeler d’autres signes de distinction. Le conseil des animaux en a marre et se réunit pour prendre des décisions, le bois doit être gratuit pour tous. Il reste maintenant à faire passer cette mesure par la force, la violence ou bien par l’intelligence et pacifier ces actions. Les avis semblent partagés.
 


Autre décor, autre ambiance pour les animaux du château. L’hiver s’est installé et surtout le froid. Le nombre de morts de cesse d’augmenter et les règles de Silvio sont de plus en plus dures.
Plutôt que de céder à la violence, Le rat Azélar et Miss B tentent de convaincre les habitants que c’est l’union qui fera la force. Seules des actions pacifiques amèneront le président à céder et à leur fournir gratuitement du bois.
Le scénariste Dorison, qui nous avait époustouflés avec le premier tome, renouvelle la formule. Certes, il n’y a plus l’effet de surprise et le contexte est connu, néanmoins la pression dictatoriale du taureau est toujours présente et le besoin de révolte aussi.
 

Rapidement, le lecteur prend le parti de ces pauvres animaux, obligés de travailler durement pour le bien de la communauté tandis que le président et sa cour vivent dans le luxe. Maintenant reste à savoir comment retourner la situation et le lecteur va se retrouver à suivre l’évolution de deux tendances, la violence ou les actions pacifiques. Quoi qu’il en soit, le tour de force est engagé.
Outre les malins Miss B et César, l’auteur utilise intelligemment un troisième personnage en la présence du Rat Azélar.  Ce dernier, un brin philosophe et manipulateur,  sert de porte-parole à l’auteur pour embarquer toute l’histoire de ce second volet, les protagonistes et les lecteurs, donnant ainsi un album rythmé, intelligent, sensible et malheureusement assez proche de politique appliquée.
 
Félix Delep poursuit son chemin à nous montrer toutes ses aptitudes, capable de passer des ambiances sombres du premier tome aux planches enneigées du second.  Ses personnages sont on ne peut plus expressifs, facilement identifiables. Les cadrages sont dynamiques, toujours différents, l’œil ne s’ennuie pas, une très belle réussite.
Un second volet à la hauteur du premier, effet de surprise en moins mais comblé par du suspense lié au fil rouge, celui d’arriver à renverser le régime en place.

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