La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Adaptée des livres de Michael Moorcock, cette série datant des années 80 bénéficie au dessin du talent de Mike Mignola. On ne l’a pas demandée (à vrai dire, on ne savait même pas qu’elle existait) mais c’est une très bonne idée de la part de Delcourt de nous la proposer.
 

Le prince Corum est un Vadhagh, une race ancienne ayant atteint un degré de sagesse tel qu’elle a éradiqué la guerre, la maladie et la politique. Chaque famille vit isolée dans une tranquille routine confinant à l’ennui. Mais c’est cet isolement, ce manque d’ambition et ce désintérêt des affaires du monde qui vont causer sa perte. C’est trop tard que le père de Corum l’envoie prendre des nouvelles des autres Vadhaghs, car le prince découvre que tous les châteaux de ses semblables ont été rasés par la main d’une race plus jeune, assoiffée de sang et de conquêtes : les humains. Capturé, torturé, mutilé, il se retrouve le dernier survivant de sa race et jure de se venger. Il est aidé dans sa quête par un magicien qui lui confie l’œil et la main de dieux morts afin de remplacer ceux qu’il a perdu. Utilisé comme un pion dans le conflit éternel entre le Loi et le Chaos pour le contrôle des plans, Corum va devoir s’adapter pour survivre.
 

Corum est un avatar du Champion Éternel, figure du Multivers dont l’incarnation la plus connue est Elric. Ces deux personnages ont d’ailleurs beaucoup de points communs, comme les deux faces d’une même pièce. A l’instar d’Elric, Corum est le prince d’une race ancienne, vouée à disparaître et à être remplacée par les Hommes. Comme lui, il est le détenteur de puissants artefacts qui le rendent quasi invincible. Mais là où Elric est issu d’une race décadente et cruelle, Corum appartient à une race pacifique et sage. Là où Elric œuvre pour le Chaos, Corum travaille pour la Loi. Même si au final, quelles que soient leurs velléités, tous les Champions Éternels servent la Balance Cosmique, l’entité garantissant l’équilibre entre la Loi et le Chaos.
 

Au moment où une excellente adaptation d’Elric est publiée chez Glénat, Delcourt a la bonne idée de sortir cette vielle adaptation de Corum, sortie en 1987 aux Etats-Unis et restée inédite chez nous. D’autant plus qu’elle n’est pas l’œuvre de n’importe qui, puisqu’outre Mike baron au scénario, c’est le grand Mike Mignola (Hellboy, Le Cycle des Épées…) qu’on retrouve au dessin. Alors certes c’est du Mike Mignola au début de sa carrière, son trait est assez classique et n’a pas encore la force des dessins aux formes brutes et étirées, pleines d’ombre, qui impressionnent dans Hellboy notamment. Néanmoins, on pressent tout le potentiel du bonhomme.
 

L’histoire brasse les thèmes chers à Michael Moorcock dans une variation qui a son intérêt. Contrairement aux aventures d’Elric, écrites dans le désordre et sans plan pré-construit, le cycle de Corum présente deux trilogies cohérentes et avec une progression linéaire. C’est de la fantasy qui sort des sentiers battus, à la fois épique, philosophique et un brin désespérée.
 
Les amateurs de Moorcock et/ou de Mignola peuvent y aller les yeux fermés. Pour les autres, c’est une bonne occasion de découvrir quelque chose de différent.

x J'aime