La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Les filles du Pillar to post sont une institution à Plymouth. Leur garde du corps maori également mais lorsqu’il est victime d’une calomnie, toutes les filles se mettent en quête de l’innocenter, et ce par tous les moyens.
Après l’excellent Le Port des marins perdus, Teresa Radice et Stefano Turconi reviennent afin d’évoquer les petites vies pas si paisibles des filles du Pilar to post. Un album absolument envoutant !  
À Plymouth, le Pillar to post est une institution. Les filles y sont jolies et toujours bien intentionnées pour la clientèle haute gamme. Et puis, la maison fonctionne comme une société d'entraide mutuelle depuis la disparition de la bien-aimée tenancière. Un beau jour, alors qu'il cherche à vendre quelques pacotilles, Tana, un polynésien, chasse un client mal embouché. Aussitôt les filles l’adoptent et lui offrent un toit en plus d'un emploi. C'est June qui se charge d'intégrer Tana. Est-ce que June est la protégée de Tana où est-ce plutôt le contraire ? Toujours est-il que la vie reprend doucement son cours jusqu'au jour où Tana est arrêté par les autorités du port. Il est accusé d'avoir dérobé les recherches du professeur Gordon Gray, le scientifique qui l'a « ramené » en Angleterre. Il n'en faut pas plus pour que June, Lizzie et les autres ne décident d’aider leur ami. Ensemble, elles sont plus fortes et ne dit-on pas « que ce que veulent les femmes... »

Dans Le port des marins perdus, Teresa Radice et Stefano Turconi faisaient une rapide allusion aux  filles du Pillar to post. Bien que rapidement évoquées, ces filles, charmantes au demeurant, de petite vertu avaient fait forte impression. Elles avaient certainement aussi laissé un goût d'inachevé à leurs auteurs puisqu'ils nous proposent une sorte de spin off avec Les filles des marins perdus. Ne tournons pas autour du pot, la question est bien de savoir si cette nouvelle série est digne de l'originale.
Cet album s'articule donc autour de June puis de Lizzie et il débute par un long passage narratif autour de Tana. Mais attention, le talent de Teresa Radice fait que si le maori nous raconte son histoire, l’intrigue continue à se dérouler sous nos yeux et on se retrouve immergé dans le Plymouth de 1810. La scénariste s'amuse à semer des petits cailloux blancs durant tout l'album sans qu'on sache très bien où elle nous emmène. Qu'importe ! Chaque chapitre se lit d'une seule traite et on se sent frustré au moment de refermer l'album. Bien sûr, tout n'est pas parfait. Comment ne pas regretter ce petit format ! Il est impossible de profiter du trait fin, précis et délicat de Stefano Turconi et de la faculté du dessinateur italien à donner une âme en quelques coups de crayons à ses personnages. Et puis, par rapport au Port des marins perdus, le dessinateur a décidé de coloriser son dessin. Cela renforce l’élégance romantique et le charme des héroïnes comme des décors. Pour ne rien gâcher, les artistes italiens ne se contentent d’un récit à la Stevenson. Avec une finesse extrême, ils nous font réfléchir aux divers maux de notre propre société. Non seulement on se régale de l’histoire et des dessins mais on referme l'album en ayant l'impression d'être meilleur.
 
Alors oui, cet album est totalement digne de celui qui reçu le prix de l’Académie de marine 2017. Si je voulais même aller plus loin, je dirais qu’il est même encore meilleur. Alors, n’hésitez pas !

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