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La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Bandeau de l'article Les frères Rubinstein 2.Le coiffeur de Sobibor

Les frères Rubinstein 2.Le coiffeur de Sobibor

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Les frères Rubinstein
Tome 2 Le coiffeur de Sobibor
 
Scénario : Luc Brunschwig
Dessin : Etienne Le Roux et Loïc Chevalier
Couleurs : Elvire de Cock
Éditions : Delcourt

 
1943, Moïse Rubinstein est engagé comme coiffeur pour les officiers du camp de Sobibor. Il se souvient alors de son apprentissage et de sa vie de fugitif. Il se remémore tous les efforts consentis par son frère pour lui permettre d’accéder à une vie meilleure.
Après un album d’ouverture remarquable, Luc Brunschwig , Etienne Le Roux et Loïc Chevalier poursuivent la biographie des frères Rubinstein avec énormément de justesse et de subtilité.
 

Toujours en fuite depuis l'agression du fils Lambertin, Salomon et Moïse Rubinstein trouvent refuge chez un rabbin parisien. Malheureusement, Rabbi Rojzman comprend rapidement que ces deux garçons sont plus encombrants qu'il n'y paraît ça et que la seule solution, pour brouiller les pistes, est de les séparer . Salomon est engagé dans un atelier de confection textile et Moïse devient l'apprenti du coiffeur Goldblum. Seulement, Salomon veut à tout prix honorer la mémoire de ses parents en envoyant Moïse dans les plus prestigieuses écoles. Il retrouve donc son cadet et, à force de petits boulots et de bonnes rencontres, réussit à lui offrir des cours de remise à niveau. Il parvient même à réaliser son rêve à lui en approchant le réalisateur de cinéma, Noam Katz. Tout cela, Moïse se le remémore alors qu'il se prépare à effectuer sa première coupe de cheveux, à Sobibor, en 1948.

Lorsque l'on referme ce deuxième opus des frères Rubinstein, on ressent comme un léger paradoxe. Le mois dernier, cette nouvelle série racontant la vie de deux frangins d’obédience juive entre 1927 et 1948 m’avait beaucoup plu. L'antisémitisme rampant de la France des années 30 était magistralement distillé dans les mésaventures des deux fils de tailleur juif. J'étais même aller jusqu'à comparer cette série à l'incontournable Sac de billes de Joseph Joffo. Seul bémol à ce lancement, l'intrigue était menée avec trois temporalités : on découvrait les frangins dans le Nord minier de la fin des années 20, on les retrouvait plus tard aux États-Unis avant de finir avec Moïse à son arrivée à Sobibor. Le lecteur s’égarait un peu entre ces trois moments. Pour ce deuxième opus, le scénariste simplifie sa chronologie en ne conservant que les événements qui suivent l'agression du fils de l'industriel Lambertin tout en incrustant la dure vie de Moïse au camp de Sobibor. Évidemment, on gagne en fluidité mais on nous ferme cette troisième intrigue. Sentiment paradoxal que j'évoquais plus haut ! Surtout que les deux albums s'enchaînent très rapidement. Pour le reste, on retrouve les deux frères Rubinstein aussi différents qu’attachants. En fuite, ils se cachent chacun dans leur coin mais leurs liens sont plus forts que tout et, ensemble ils peuvent réussir de grandes choses. À travers le prisme policier, c'est toute la société française qui est critiquée dans ce qu'elle avait d'antisémite et de conservateur. C'est également une ode à la vie facile et à la débrouillardise les années folles. Si Luc Brunschwig signe un scénario captivant et poignant, Étienne Le Roux le met en images afin de faire partager au plus grand nombre cette émotion. Grâce à un trait tout en finesse et en subtilité, le dessinateur donne une âme à chacun de ces personnages. Il y a les laids qu'on va détester et les gentils. Mais la grande force du dessinateur vient de la représentation des Allemands dont on ne sait s'il faut les haïr pour leurs sentiments et leurs actions ou les remercier pour le sort qu’ils réservent à Moïse et à quelques autres. L'autre atout du dessinateur tient à sa réalisation car à ce niveau, il ne peut plus être simplement question de mise en page. Toujours dans l'idée de faciliter la compréhension des flash-backs, Elvire De Cock alterne entre une colorisation chaude pour les souvenirs et extrêmement terne, pour ne pas dire vert-de-gris, pour la vie concentrationnaire.

Il n'y a pas à dire, les Frères Rubinstein raconte avec beaucoup de justesse la montée de l'antisémitisme en Europe dans les années 30 et la vie si complexe dans les camps de concentration. Une série en toute point remarquable à lire absolument pour éviter les amalgames actuels.


Cédric
Chroniqueur
La Bande Du 9


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