La bande du 9 : La communaut du 9ème art

 

Dernier opus de la magnifique saga gothique des ogres dieux. Une œuvre posthume qui raconte l'histoire de la première née "Bragante" aînée du fondateur, dont l'histoire a été relatée dans les tomes précédents. Une histoire qui saura ravir vos yeux et nourrir de façon très poétique votre imaginaire.
 


Jadis naquit un homme à la haute et robuste stature qui instaura un temps de conquêtes remarquable et fonda un royaume guerrier : c'était le temps des premiers Ogres dieux. Ce puissant combattant donna naissance à une très grande lignée de Géant, mais sa première-née fut une fille qui se prénommait Bragante.
Première-née, nous conte l'histoire tumultueuse de cette dernière: femme de tête, lettrée et maline, déjà âgé et affaiblie, qui se décide à raconter à sa petite-fille Elmire toute la vérité sur la dynastie dont elle a été le premier maillon. Son statut d’aînée du fondateur l'a chargé de l’éducation de tous ses frères et sœurs. Ressentant très tôt l’angoisse de donner la vie, elle voue une passion éclairante aux livres, et s'évertue ,tout au long de son existence à constituer une bibliothèque des plus étendue. Mais tout ceci ne la protégera pas du plus agressif et mauvais de tous ses frères "Orobaal", à qui son cruel et impitoyable père l’a promise. Car malheureusement pour elle, dans sa lignée, les mariages entre frères et sœurs sont conventionnels afin d'éviter que les femmes meurent lors de l'accouchement des bébés surdimensionnés et pour que ces derniers soient de plus en plus grands dans les générations à venir.
Son histoire est celle de sa civilisation, de la transmission du savoir et du combat face à la force brute incarnée par un régime patriarcal où les filles sont enfermées dans un gynécée.
Avec cet ultime volet, le scénariste Hubert (qui rappelons le nous a quitté tragiquement en ce début d'année) nous conte l'histoire d'une femme forte en quête de reconnaissance et d'émancipation. Elle cherche à se désavouer du pouvoir trop oppressant qu'exerce la communauté masculine sur les femmes. L'histoire de l'avènement d'une lignée qui connaîtra son apogée et qui périclitera par consanguinité sous prétexte d'une volonté d'eugénisme, un récit où il est question de la place de la femme et de son rôle dans la société, de descendance et de la volonté inné à vouloir perpétrer ses gênes. Malgré, que l'on ne parvienne toujours pas à connaître les origines du fondateur, on s'attache énormément aux personnages, le scénario laissant la part belle a l'installation de la psychologie de chacun.
L'auteur alterne comme sur les précédents tomes, planches dessinées et encarts de texte racontant et complétant l'histoire en fil rouge, tout en restant passionnant. La conclusion est pour moi renversante et laisse le champ libre à de nombreux possibles.
L'avènement d'une nouvelle lignée avec à sa tête du sang neuf, né chez les géants et élevé parmi les hommes...

Entre la finesse des dialogues, la psychologie des personnages, les thématiques abordées (la place de la femme et de son droit a disposer de son corps, la vanité, l’accès à la culture…), et le trait hybride diablement expressif de Gatignol, à la croisée des chemins entre animation, manga et illustration, les Ogres Dieux est une réussite totale, un mariage du fond et de la forme rare, un plaisir sans fin de lecture. Un univers d'une richesse incroyable, une saga de fantasy vraiment particulière, qui se dévore avec passion, mais nous laisse un goût amer sachant qu'il s'agit du dernier.
Une lecture à ne surtout pas rater.

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