La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Une vieille dame exhume une histoire familiale pas très jolie jolie !
Un album de référence sur le fonctionnement des plantations créoles à travers la vie de 3 générations de femmes.
 
1961, les jeunes américaines se passionnent pour le roman de Margaret Mitchell, Autant en emporte le vent et Scarlett O'Hara sa charismatique héroïne. Il en est trois qui, à la Nouvelle-Orléans, se demandent si leur grand-mère ne pourrait pas leur raconter son histoire, forcement plus authentique. Ni une, ni deux, les voila questionnant leur ancêtre qui leur oppose un non catégorique. Son histoire, leur histoire est bien trop sombre ! Le soir venu, alors qu'elle rentre chez elle, Hazel, la domestique s'inquiète de voir les fenêtres ouvertes. Elle découvre alors la vieille dame effondrée, perdue dans ses pensées  au milieu de divers papiers éparpillés. Consciente qu’avec elle partiront les souvenirs de sa famille, elle demande alors à Hazel de ne pas la juger trop durement et de lui servir de secrétaire…

A l’heure où les États-Unis connaissent une nouvelle vague de suprémacisme blanc. À l'heure où les racistes de tout poil s’affichent de plus en plus ouvertement ; Léa Chrétien et Gontran Toussaint nous plongent dans une grande saga familiale du genre Autant en emporte le vent : l'histoire d'une plantation créole sans fard. Mais plutôt que nous livrer cette histoire de façon chronologique, ce qui romprait tout lien avec notre 21e siècle, ils la font raconter par une très vieille dame qui ne veut pas s'éteindre en emportant les secrets de sa famille, même les plus sombres, avec elle. C'est ainsi qu'on remonte le temps jusqu'à l'installation sur une plantation sucrière de son arrière grand-père, en 1805. Le planteur s'installe avec son épouse et ses deux enfants. Rapidement sa fille, Joséphine, se lie d'amitié avec une esclave du nom de Maly. Évidemment, cela n’est du goût ni de son père ni de son frère. D’autant que le fait de posséder des esclaves donne aux hommes un  sentiment de toute-puissance pouvant aller jusqu'à justifier le viol. Devenus comme fous, les deux hommes vont tout doucement perdre toutes leurs valeurs au grand dam des femmes de la plantation. C'est donc un portrait réaliste et sans concession que font les auteurs, le portrait  d'une société violente, raciste et misogyne. Une société qui porte en elle les germes d'une guerre qui va bouleverser l'Amérique en profondeur : la guerre de Sécession. Côté dessin, le style classique, un peu Old School de Gontran Toussaint fait merveille. Grâce à la vivacité du trait, chaque atmosphère est réaliste quel que soit le lieu, chaque personnage est très convaincant.

Avec ce Louisiana, les auteurs font œuvre de mémoire. Si l'histoire à tendance à bégayer, les lecteurs ne doivent jamais oublier cette période sombre de l'Humanité au risque de l'avoir recommencer. Un ouvrage de référence donc !

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