La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Le destin croisé d’un chômeur dépressif et d’un patron qui attend la liquidation de son entreprise pour faire autre chose. Loin d’un drame sociétal, Maharadchat est une comédie  acide sur l’univers de la pâtée pour chat mais pas que… C’est surtout un album drôle qui saura rassasier tout le monde !
 
L'un est chômeur de longue durée, alcoolique repenti et dépressif. L'autre est le PDG de Maharachat, une entreprise de nourriture pour chat. Lorsque le premier se trouve embauché dans l’entreprise du second, il est loin d'imaginer  que son dirigeant n'attend qu'une chose : la liquidation de sa boîte pour enfin s’installer dans les îles de l'Adriatique et y faire du vin. Le job qu'on propose au premier consiste à ramasser les Concrétions Résiduelles Organiques en Test Terminal Effectif des chats afin de les analyser et ainsi vérifier qu'elles ne sentent pas trop la merde. Le second est en vacances lors du pot de départ en retraite de sa secrétaire et tombe des nues lorsqu'il voit Jessica, sa petite fille, débarquer pour la remplacer. Coup de foudre immédiat ! D’autant que la jeune femme se sent une mission : aider le patron à sauver l'entreprise à tout prix. Et tant pis si pour cela, il faut faire semblant d'avoir un plan de relance exceptionnel. Ensemble, PDG et secrétaire réussissent à convaincre les autorités de leur envoyer une délégation d'investisseurs sud-coréen. Tous sont loin d'imaginer ce qui les attend…

Comme indiqué sur la couverture, l'ouverture de cet album est facile. Les couleurs flashies, la jolie pin-up très années 50 et le gros matou sont les éléments marketing fort ! Seulement, à y regarder de plus près, il y a tout de même deux ou trois éléments intrigants : le sourire crispé, la tête du chat ou encore les éclats au-dessus de sa gamelle. Et puis, le regard est attiré par le nom du scénariste, Wilfrid Lupano et d'un seul coup tout c'éclaire ! Le scénariste des Vieux fourneaux dégaine une nouvelle fois une satire sociale au deuxième, que dis-je, au troisième degré ! Vous vous attendez à ce que les amoureux transis de leur félin en prennent pour leur grade ? Vous êtes loin de la vérité ! L'album s'ouvre pourtant par une plongée dans l'univers de la pâtée pour chat. Âmes sensibles s’abstenir !  On se croirait chez Tricatel pour les matous. Et cela directement de la bouche du PDG ! À partir de là, on se demande ce qu’il va bien y avoir en plat de résistance. C'est bien simple, toute la société va en prendre pour son grade : les patrons voyous, les entreprises qui exploitent les chômeurs de longue durée, l'urbanisation galopante, les violences policières et j'en passe. Mélangez tout ça et vous obtiendrez Maharadchat. Mais attention, si l'album ne vous garantit pas une crotte qui sent bon, il vous assure tout de même de grands éclats de rire et un excellent moment de lecture. D'autant que l'ensemble jouit d'une belle fluidité : pas d'impression de gags qui s'enchaînent mais plutôt d'une tranche de vie version Étienne Chatiliez. Et que dire des ultimes rebondissements ? Ils sont aussi imprévisibles qu’hilarants. Au moins tout autant que les dialogues ! Rajoutons que le trait caricatural de Relom est parfait dans ce registre. Les pauvres types ont quelque chose d’attachant tandis que le PDG est puant d’orgueil et autres sentiments tout aussi nauséabonds. Seuls les chats n'expriment rien, quoi que… Pour le reste, les décors se fondent à merveille dans le paysage et la colonisation plutôt terne mais saupoudrée de touches vives soutient à merveille la lecture.

Comme indiqué sur la quatrième de couverture, la fermeture est difficile. Rien à voir avec un quelconque zip mais il est vrai que, même refermé, le lecteur a beaucoup de mal à ne pas penser à ce qu'il a lu. Sous couvert d'humour, Lupano fait une nouvelle fois passé un message de tolérance et c’est bien l’essentiel.

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