La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Une adaptation grandiose de la célébrissime trilogie de Marcel Pagnol. Une nouvelle preuve que, sous la plume et les pinceaux d’artistes contemporains, les textes du gamin d’Aubagne n’ont pas pris une ride.
Une ouvre patrimoniale !
En cette année 1930, le temps s'écoule lentement dans le vieux port de Marseille. Surtout pour les habitués du bar de la marine. Il y a Escartefigue, le capitaine du Transbordeur qui relie les 206 m qui séparent les deux rives du port. Il y a un monsieur Brun qui, depuis son retour de Paris, est vérificateur. Sans oublier Panisse, veuf depuis peu mais qui pense déjà à se remarier. Ce petit monde gravite sous les yeux de César, le patron fort en bagout et de Marius son fils. Mais ce dernier est plus intéressé par les bateaux et les voyages que par la composition du Mandarin-Citron-Curasso. Il faut dire qu'avec quatre tiers, le cocktail est typiquement marseillais! Et puis, il y a Fanny, la jeune et jolie vendeuse de coquillages qui n'a d'yeux que pour Marius. Alors que tout semble paisible, la demande de la main de Fanny par le vieux Panisse est comme un coup de tonnerre. Quelque peu jaloux, Marius déclenche un esclandre dans l'estaminet. Cette fois, le jeune homme n'a plus le choix, il va devoir faire face à son destin.

Enfin ! Voilà enfin l’œuvre majeure, l’œuvre incontournable, en un mot ; le chef-d'œuvre de Marcel Pagnol : la trilogie marseillaise qui s’ouvre donc avec la première partie de Marius. Une nouvelle fois, s'attaquer à cette légende dramaturgique et cinématographique française est une sacrée gageure. Une nouvelle fois, chaque français a dans un recoin de sa tête des images qui de Raimu, qui de Maurice Chevalier, qui de Jacques Weber ou encore de Daniel Auteuil et imaginer une nouvelle version n'est pas sans risque. Une nouvelle fois, le pari de Serge Scotto et Éric Stoffel est réussi ! Il faut dire que les scénaristes sont devenus des spécialistes de l’œuvre du gamin d'Aubagne. Ils ont ainsi recoupé plusieurs versions de Marius afin d'accoucher de la leur. Mais attention, hors de question de ne pas conserver les particularités de l'ouvrage, cette petite dose de provençal absolument génialissime. C'est pour cela que l'intrigue, simple avouons-le, s'étire sur 50 pages. Mais que l'on se rassure, il n'y a aucune lenteur ; plutôt une nonchalance tout méridionale. Et puis il y a le dessin de Sébastien Maurice. Le dessinateur de Papeete 1914 et de L'île aux remorts troque les paysages paradisiaques pour la Canebière. Certains diront que c'est pareil, peut-être même plus beau encore. Ils n'auraient pas totalement tort dans le dessinateur breton est comme un poisson dans l’eau, du vieux port. Aussi à l'aise avec les vues d'ensemble aériennes qu’avec les gros plans, avec les scènes de chicanerie que de celle reculade, il donne en plus énormément de charisme à ses personnages qu'on en oublie leurs illustres prédécesseurs. J’en veux pour preuve la magnifique couverture qui résume à merveille l'intrigue.

C'est donc un énorme bol d'air marin à la sauce bouillabaisse que cette ouverture de Marius. Un album fidèle à l'esprit de Marcel Pagnol et de ses Marseillais. Un album attachant à l'accent chantant qui fera (re)découvrir ce monument de la littérature française.

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