La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Une petite fille qui pose de grandes questions avec un naturel et une espièglerie qui fait mouche à chaque fois.
Mafalda et Charlie Brown ont trouvé leur héritière !
   
« Est-ce que Dieu existe ? », telle est la question que la petite Maya pose à Eugène. Si la question semble simple, la réponse de l'adulte fait référence à l'origine du monde et au grain de poussière qu’est l'humanité dans l'univers. Bien sûr, Eugène ne répond pas vraiment à la question, privilégiant la réflexion de la fillette. Et de réflexion, il va en être question : les arbres aiment-ils la musique ? communiquent-ils entre eux ? faut-il arrêter de manger de la viande pour sauver la planète ou par respect pour les animaux ? Et si les végétaux ont une conscience, faut-il également arrêter de les manger ? Mais Maya porte une blessure plus grave que ces questions existentielles. Ses parents ont disparu en même temps que l'avion qui les transportait. Crasch, détournement et même extraterrestre, la petite fille s'accroche au moindre espoir mais l'incertitude est la pire des alliés. Jusqu'au jour où….

Une enfant qui philosophe. Cela ne vous rappelle rien ? Bien sûr, il est impossible de découvrir ce premier épisode de Maya sans penser à Mafalda et autre Peanuts. Oui mais voilà, Maya est une jeune fille bien de son époque. C'est comme cela que des sujets comme le bien-être animal ou encore la malbouffe vont être évoqués. Cela prend la forme de quelques planches à gag mais les histoires courtes sont les plus nombreuses. Si elles semblent sans ordre au début, on comprend rapidement qu'il n'en est rien : ADAM, en tant que scénariste, a bien mûri son projet et il sait très bien où il veut nous emmener. D'ailleurs, je ne ferai qu'évoquer la chute de cet album tellement renversante que personne ne peut l'envisager. A l'image de ces illustres prédécesseurs, Maya fait passer ses lecteurs par d'innombrables états. Elle peut peut-être tout à la fois espiègle et agaçante mais il est impossible de résister à sa subtilité, à son humour et à son humanité. Là aussi, l’héroïne sait s'adapter à la variété de son public. Les plus jeunes riront de ces bons mots et de ses bêtises.  Les adolescents feront leur ses interrogations et ses doutes. Les adultes retrouveront toute la naïveté des enfants mais apprendront aussi à faire face à cette génération nouvelle. D'une façon générale, les histoires font mouches et on passe à un bon moment aux côtés de Maya. D'autant que le dessin, signé du même ADAM, reprend les règles des classiques du genre. Les décors sont réduits à leur plus simple expression et parfois même remplacés par de grands aplats afin de se concentrer sur les bulles. Bien que naïf, le trait des personnages est extrêmement expressif. On s'attache à cette gamine aux couettes basses mais au verbe haut. On se dit qu’elle a sûrement raison, ou peut-être pas tout à fait tort et on referme l'album complètement bouleversé par sa philosophie.

C'est donc un album d’une intelligence rare que ce premier opus de Maya. Un album qui pousse les lecteurs de 7 à 77 ans à réfléchir mais qui sait aussi jouer sur les émotions. Un album à découvrir.

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