Retour à Lemberg
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Scénario : Jean-Christophe CAMUS adapté du roman de Philippe SANDS
Dessin : Christophe PICAUD
Éditions : Delcourt
À travers le récit familial de Philippe SANDS, on suit la destinée de LVIV, des exactions nazies que ses habitants ont subies jusqu’au procès de NUREMBERG.
À l’occasion d’une conférence à laquelle le juriste franco-britannique international est invité en 2010 à l’université de droit de LVIV, SANDS se remémore ses grands-parents dont il savait peu de choses tant ils ne s’étaient pas épanchés sur leur passé alors que leurs vies ont été intimement liées à l’histoire du monde. Effectivement, après avoir vécu dans la ville austro-hongroise de LEMBERG, ils deviennent Polonais lorsqu’elle prend le nom de LWOW, puis sont rattachés à l’empire soviétique avec une ville nouvellement nommée LVOV avant de devenir allemands lorsque la ville redevient LEMBERG jusqu’à la ville ukrainienne actuelle de LVIV. SANDS va découvrir notamment sur une photographie son grand-père aux côtés de DE GAULLE, et un nom inconnu qui vont aiguiser sa curiosité. Sa quête va le conduire à combler les blancs de son histoire familiale pour tâcher de comprendre comment et pourquoi son grand-père est arrivé en FRANCE avec sa fille qui deviendra Ruth, la mère de SANDS.
Au gré des fragments qu’il parvient à reconstituer sur sa famille, il enquête également sur celles des juristes Hersch LAUTERPACHT et Raphael LEMKIN dont les familles étaient également originaires de LEMBERG. De même que pour la sienne, ces familles ont été victimes d’un antisémitisme ordinaire et de la barbarie nazie amenant leurs descendants à s’impliquer pour que ces crimes soient poursuivis à la hauteur des horreurs commises. Chacun proposera ainsi deux nouveaux crimes, ceux de génocide et crime contre l’humanité. Pourtant, les deux s’opposent dans leur perception de l’histoire et du droit ; pour LAUTERPACHT « le meurtre d’individus s’il relève d’un plan systématique, est un crime contre l’humanité » tandis que pour LEMKIN le génocide désigne le « meurtre d’individus avec l’intention de détruire le groupe dont ils font partie ». Or en droit, chaque mot fait sens, et à la veille du procès de NUREMBERG les tractations vont bon train pour savoir quelle définition retenir avant de poursuivre les responsables nazis tout en épargnant les vainqueurs, encore puissances coloniales, et non exempts de crimes pouvant être qualifiés de la sorte. Aux parcours de SANDS, LAUTERPACHT et LEMKING se greffent d’ailleurs ceux de l’avocat d’HITLER, Hans FRANCK dont SANDS rencontrera le fils mortifié qui garde la photographie de son père pendu pour s’« assurer qu’il est bien mort ».
Par le prisme des parcours de différents personnages reliés à la ville, on (re)découvre le funeste destin de toutes les villes comme LVIV qui ont été aux prises avec différentes occupations. Si on se perd parfois dans les noms des membres des familles de Hersch LAUTERPACHT, Raphael LEMKIN et Philippe SANDS, on suit avec intérêt leurs pérégrinations et leurs combats pour que justice soit faite et que le devoir de mémoire s’opère notamment via le procès de NUREMBERG. Ce roman graphique volumineux est exigeant car riche ; une série aurait été sans doute plus digeste et accessible. Par ailleurs, il opte pour des dessins réalistes en noir et blanc comme pour retrouver ce passé désormais figé, mais les photographies personnelles dans l’appareil critique donnent vie à ce récit familial et historique.
Lydie et Nicolas
Nicolas
Chroniqueur
La Bande Du 9
