La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Dans le harem de Soliman le Magnifique, une novice attire immédiatement l’attention. Certes elle est belle mais c’est surtout son rire et sa bonne humeur qui vont lui attirer les bonnes grâces de la gouvernante et du kizlar. Par la suite, elle devra compter sur son intelligence pour faire chavirer le cœur de l’homme qui fait trembler la chrétienté.
Une nouvelle Reine de sang qui mêle habillement accents orientaux et féminisme.
 
En ce mois de novembre 1520, le grand harem d'Istanbul est en ébullition. Après plusieurs années passés à Manisa, le sultan Soliman le Magnifique et l’hasseki Gulbahar sont de retour dans la capitale. Le sultan rentre avec Ibrahim, son bras droit et confident dont il est très proche. Gulbahar revient avec 3 fils qui font d’elle la mère des héritiers du trône. Dans le harem, sous la supervision de la Sultane Validé, la Sultane mère, les femmes ne vivent plus que pour satisfaire le moindre désir du Padichah. Parmi elles, Roxelane a cela de particulier que sa bonne humeur et son rire sont communicatif. Grâce à cela, elle s'est attirée les bonnes grâces de la grande gouvernante Daye Hatoum. Grâce à son attitude sérieuse et disciplinée, elle devient rapidement la protégée du Kizlar, l'eunuque en chef. L'ambitieuse esclave ukrainienne va jouer de ses charmes et de son intelligence. Lorsque la maladie frappe les princes héritiers, elle fait profil bas mais profite de la peine de l’hasseki. Lorsque la Validé la trouve trop passionnée, pas assez humble, elle retourne à son ouvrage réussissant à trouver le juste équilibre entre docilité et impertinence avec un seul but : conquérir le cœur du sultan…

Une Reine de sang se doit d'être belle, ambitieuse et habile. Elle doit être prête à tout pour assouvir sa soif de pouvoir. Si cette définition nous fait immédiatement penser à quelques grandes reines comme Cléopâtre ou Catherine de Médicis, d'autres femmes ont profondément marqué leur époque de leur empreinte. Bien évidemment, plus on s'éloigne de notre temps et de l'Europe, moins on les connaît. Évoquer Roxelane n’a alors rien d'évident. Bien sûr, le nom du sultan dont elle était la favorite résonne encore à nos oreilles mais elle…. Pour scénariser cette biographie, il fallait quelqu'un qui connaisse les femmes fortes. Et pourquoi pas une femme forte elle-même ? Après Hypathie et Frédégonde, Virginie Greiner a le profil idéal. La scénariste nous plonge dans l'univers particulier où Les contes des mille et une nuits côtoient Angélique et le sultan, où la géopolitique européenne se révèle plus simple que les querelles d’alcôves du harem. Ce premier opus se concentre sur la formation de Roxelane et sa rencontre avec Soliman et on aurait pu craindre que le rythme soit très lent. Il n'en n'est rien ! Grâce à une série de rebondissements, à l'insertion progressive de personnages secondaires et à quelques ellipses, le déroulé est fort agréable.
La sublime couverture donne le ton de l'album : un trait vif et précis, des décors somptueux et exotiques et une colorisation chaude et lumineuse. C'est ce qu'on retrouve à l'intérieur ! Alternant les cadrages, Olivier Roman nous montre toute la splendeur d'Istanbul à son âge d’or. Le dessinateur travaille aussi beaucoup sur les visages afin de rendre ses personnages le plus expressif possible. Quand aux rares scènes de violence, qu'elles soient bataille ou bagarre, elles profitent, comme les autres scènes clefs, d'une mise en page particulière à la hauteur de leur importance. Comme je l'ai dit précédemment, l'ensemble est réhaussé par les couleurs chaudes et toujours judicieuses de Filippo Rizzu.
 
Les Reines de Sang comptent une nouvelle membre : Roxelane. Une femme douce et dévouée mais une femme ambitieuse et prête à tous les sacrifices pour arriver à ses fins. Une grande Reine de Sang !

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