La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Lorsque deux clochards volent une tourte à la viande sur le bord d’une fenêtre, ils sont loin d’imaginer que la légitime propriétaire va mourir et qu’ils vont être pourchassés par son flic de mari.
Macon Blair et Joe Flood nous raconte un road movie totalement barjot à la recherche de la mythique Whiskyville. Une quête de liberté menée tambour battant au rythme endiablé du banjo !

 
Jederek Jones, de Richmond, Virginie et Thanny Mageau d’on n’sait quel trou paumé en Pennsylvanie ont faim. Par l'odeur alléchés, ils vont voler une tourte à la viande à Maggie O’Feathers. Ivre de colère, la jeune femme ameute tout le quartier, dont le sergent Ronan, son époux. Elle sort armée du revolver de ce dernier et tire sur les deux fugitifs. L’arme, bouchée après une soirée de beuveries de son propriétaire, lui explose à la main non sans l'arracher au passage. Malgré les soins du docteur, la matrone meure quelques heures plus tard. S'engage alors une terrible chasse à l'homme. Le flic irlandais décidant de venger à tout prix son épouse, se lance à la poursuite des deux clochards. Course-poursuite qui va l'emmener dans les endroits les plus insolites des États-Unis sur le chemin d'un lieu mythique : Whiskyville !

Lorsque l'on évoque les road-movies un brin déjantés avec des personnages en quête de fortune et de liberté, je songe immédiatement aux frères Coen et à leur O'Brother. C'est donc tout naturellement en fredonnant la chanson des culs trempés que j'ai ouvert cet album. Dès les premières pages, j'ai retrouvé ces États-Unis si particuliers de la Grande Dépression. Dès le départ, j'ai ressenti autant d'affection pour Jed et Thanny que j'en avais éprouvé pour Ulysse, Pete et Delmar. Mieux même, le récit me faisait imaginer ma propre bande-son au rythme plus ou moins endiablé d’un banjo. Évidemment, je me suis laissé prendre au jeu et irrémédiablement, j'ai suivi nos deux héros clodos au fil de leur pérégrination à la recherche de la terre bénie des poivrots : Whiskyville ! Il faut dire que les rencontres s’enchaînent aussi vite qu'une locomotive à pleine vapeur et que le nombre de personnages secondaires a de quoi donner le tournis. Pas de doute, on est bien dans une super production hollywoodienne !  Là aussi, le lien de filiation avec l'adaptation de l’œuvre d’Homère est évident : Cyclope et autres monarques sont autant d'embûches que de soutien pour nos héros. Quant au super méchant, il prend les traits d'un policier ivre de vengeance prêt à tout pour obtenir leurs scalps. Sans être l'incarnation du mal absolu, il est certainement celle de la bêtise et de la non remise en cause de ses actes. Mais cette histoire serait bien fade sans le trait expressif de Joe Flood. Les quarantenaires vont être ravis car le dessinateur nous propose une plongée dans les dessins animés de leur enfance. Il est lui Scooby-Doo et autres Hanna-Barbera là-dedans et cette bouffée de nostalgie est absolument irrésistible. Mais le dessinateur sait également insuffler beaucoup de dynamisme dans les nombreuses scènes de bagarres et de fusillades. Pour ce faire, il organise ses planches en alternant pleine page et planche en gaufrier plus standard, petites et grandes vignettes avec insert. La colorisation quant à elle se met au diapason avec une luminosité qui fluctue en fonction des sentiments des héros.

C'est donc un album attachant que ce Sur la route de whiskyville, une quête de liberté autant qu'une introspection, le tout mener à un tel rythme pour referme l'album essoufflé … mais heureux.

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