La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Conquérir le pouvoir n’est pas chose aisée. Le conserver peut se révéler encore plus ardu. C’est face à ce défi que l’impératrice Tseu Hi va se retrouver confrontée. Elle doit composer avec tous les mécontentements chinois mais aussi les appétits européens. Grace à sa beauté, son intelligence et les conseils avisés de son grand eunuque, elle restera à jamais La Dame Dragon.
Suite et fin de la biographie de la grande impératrice chinoise menée au pas de charge par Philippe Nihoul et toujours aussi magnifiquement illustrée par Fabio Mantovani.
 


En 1861, la province de Chine méridionale du Chagzhou est ravagée par la révolte de la secte Taiping. Son meneur, Hong Xiuquan, qui se présente comme le frère de Jésus, prône des idées révolutionnaires et rallie tous les laissés-pour-compte dans l'Empire. À Pékin, ces défaites exaspèrent l'impératrice douairière et nombreuses sont les têtes qui tombent. Écoutant les conseils de son grand eunuque, et accessoirement son amant, Li Lieng Ying, elle décide de jouer les Européens contre les Taipings. Le jeu est risqué mais la victoire n’en est que plus belle. Malheureusement pour l'impératrice, les long nez ont un appétit féroce et l'Empire du Milieu suscite leur convoitise. Pour ne rien arranger Tongzhi, le fils de Tseu Hi s'éveille à la vie et s'est  amouraché d'une intrigante. Pour l’impératrice et son grand eunuque, il faut rapidement réagir s'ils souhaitent conserver le pouvoir.
 
De Néron à Staline en passant par Louis XIV ou Napoléon 1er, les hommes ont souvent travaillé au destin du monde sans scrupule, aucun. La collection Les Reines de sang cherche à rééquilibrer les choses. Dans le contexte actuel de #metoo, elle démontre que les femmes ne sont pas que des petites choses fragiles, qu’elles exercent le pouvoir et qu’elles ne hésitent pas à faire payer le prix du sang ; quelque soit l'époque, quelque soit l'endroit. Philippe Nihoul propose ici la suite et la fin de la vie de l'impératrice Tseu Hi. Pour mémoire, elle est une des deux seules femmes à avoir gouverné l'empire chinois. Dans ce second opus, elle est maître du pouvoir et entend bien le rester. Elle  utilise de nouveau toutes les ruses que lui offrent son intelligence et son corps pour y parvenir. Le scénariste belge poursuit aussi sa double évocation,, à Tseu Hi s’ajoute toujours le pauvre gamin des rues devenu grand eunuque. La relation entre les deux est aussi conflictuelle qu'elle est fusionnelle, chacun ayant sa part d'ombre et ses propres atouts. Mais une chose est certaine, c'est que ce sont de sacrés personnages. Néanmoins, relater près de 50 ans de guerre, de trahisons et autres complots en 56 pages relève de la gageure. Si les ellipses sont compréhensibles et ne gênent pas trop la lecture, on aurait aimé que certains passages soient davantage explicités. On se rattrape avec le sublime dessin de Fabio Mantovani. Le dessinateur italien nous transporte littéralement dans l'Empire du Milieu du début du siècle. Mélangeant avec brio les gros plans expressifs (bien que parfois un peu figés), les scènes de batailles haletantes, les clins d'œil érotiques et les décors réalistes, il nous enivre véritablement de son talentueux dessin.
 
Vous l'aurez donc compris, si vous aimez les femmes fortes et si vous désirez découvrir l'Extrême-Orient n'hésitez pas, Tseu Hi vous attend.

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