La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Oscar est un jeune orc. Même s'il est le fruit de l'amour de sa mère civilisée avec un orc sauvage, Oscar est gentil et moderne. Alors qu'il ramasse des fagots, il est pris à partie par des orcs sauvages. Ces derniers, pas si différents des orcs  civilisés, ont décidé de quitter leur forêt pour envahir toute la Terre des orcs. Rescapé de l’attaque, Oscar s'enfuit. Sur son chemin, il fait la rencontre d'un chien sauterelle et d'une princesse. Ensemble, ils vont tenter de gagner le territoire des Gobelins. Malheureusement, l'accueil de ces réfugiés n'est pas chaleureux. Les gobelins leur interdisent l'entrée grâce à un puissant mur. Les migrants sont donc contraints d'avoir recours à un passeur afin de gagner l’eldorado par la mer. Ils ne sont cependant pas au bout de leur souffrance car les migrants sont toujours mal vus, où qu'ils se trouvent...

Dans sa biographie de fin d'album, Théo Grosjean se décrit comme quelqu'un qui n'a connu aucune guerre ni drame majeur. Il est vrai qu’être né en 1995, c'est naître 50 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et presque 10 ans après la chute du Mur de Berlin. L'affirmation ne tient cependant pas puisque l'artiste a connu l’attaque du 11 septembre et les attentats sur la France en 2015. Il a connu les Printemps Arabes et ce que les spécialistes nomment déjà la nouvelle vague migratoire. C'est même cela qui inspire Théo Grosjean car en effet, derrière la barrière gobeline se cache les murs qui sont à la mode de nos jours. Non pas un mur pour bloquer les fuyards comme à Berlin mais un mur qui, officiellement, protège. Derrière les passeurs gobelins se trouvent leur équivalent lybiens. Et derrière ce gobelin qui affirme que les migrants « piquent le peu de travail qu'il [leur] reste », on trouve un électeur d'extrême droite. La grande force de Théo Grosjean réside dans le fait d'avoir transformé ces personnes en orcs et gobelins digne du Seigneur des Anneaux ou d'Harry Potter. Outre le dépaysement, cela rend l'histoire plus légère, surtout pour les (grands) enfants. L'auteur n’en multiplie pas moins les clins d'œil et les tacles à notre monde actuel. Il réussit aussi à donner vie à un monde lointain et pourtant si proche. Les déserts, les villes… sont un curieux mélange de réalisme et de caricature. Il en est de même pour les personnages : Oscar, gentil orc instruit qui s'enfuit dans une robe à fleurs avec une princesse dans la carrure digne de Terminator et un chien sauterelle... Chaque personnage acquiert son rang au fil de l'Odyssée d'Oscar ; pour devenir aussi attachant qu'humain. Enfin, le choix de proposer un dessin simplement encré  renforce l’aspect sérieux des idées, en opposition avec l'humour des propos et des personnages.

Chez Delcourt, la collection Shampooing a pour rôle de lessiver la tête. Un gentil orc sauvage répond totalement la commande, avec un message fort d'humanité en prime. À découvrir absolument !

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