La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Lorsqu'un jeune étudiant saïgonnais débarque à Paris, il pense terminer tranquillement ses études; hébergé par son oncle. Puisque ce dernier a été arrêté, Tuan est embarqué dans le courant de l'Histoire à travers les multiples mouvements indépendantistes que compte la capitale de l'empire français. Il ne renoncera malgré tout jamais à libérer son oncle, toujours sans se soucier des conséquences.
Un album fort qui met en avant les mouvements nationalistes dans le Paris des années 20 avec énormément de finesse et d'intelligence.
 
Nous sommes dans les années 20, Tuan, jeune Saïgonnais, arrive à Marseille. Il veut monter à Paris pour étudier. Dépouillé et arnaqué dès ses premiers pas, il trouve refuge auprès d'une prostitué au grand cœur qui lui offre son billet pour la capitale. Une fois à Paris, il apprend que son oncle Dinh, qui devait l’héberger, a mystérieusement disparu pour cause de militantisme politique.  Il se retrouve dans un groupuscule d’activistes venant des quatre coins de l’empire colonial français. S'ils réclament tous la liberté pour leurs compatriotes, les rivalités tant idéologiques que sentimentales s'invitent à toutes leurs réunions. Mais à Paris, la liberté est plus grande même la triste réalité du colonialisme surveillance/répression est toujours belle et bien présente. Écartelé entre ces tensions, Tuan ne désespère pas de retrouver son oncle. Il va utiliser tous les  moyens à sa disposition sans se soucier des conséquences; qui risquent d'être dramatiques.
 
Des rapports entre les pays colonisateurs et leurs colonies, nous connaissons plutôt la vision tiers-mondiste: la décolonisation nous est alors présentée qui depuis le Viet-Nam, qui depuis l'Algérie... C'est oublier que la métropole, et plus particulièrement Paris, la capitale, a également un rôle à jouer. C'est ce Paris des libertés et des mouvements nationalistes que Clément Baloup souhaite nous montrer. Je dis nous montrer car le scénariste ne cherche pas à argumenter sur le positif et le négatif de la période, de la colonisation ou même des différents courants. Il dresse simplement différents portraits qui se chargent de matérialiser l'atmosphère si particulier de cette partie de l'Histoire.
Il en va de même pour Mathieu Jiro. Le dessinateur s'inspire beaucoup des œuvres de l'époque sans chercher à tout prix la référence. Fort d'une colorisation intense, le trait se fait tantôt dynamique tantôt intimiste mais il conserve toujours son caractère percutant. L'intrigue est ainsi divisée en chapitre constituant autant des épisodes intimes que des périodes historiques sans que le cliché ne vienne faire tache dans le décor.
 
C'est donc une histoire aussi rare qu'intéressante que La Boite à bulles reprend aux éditions de Seuil préparant par la même la sortie du tome 3.
 

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