La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Après la tentative d’assassinat ratée, Cléopâtre s’est mise sous la protection, et dans la couche, de César. Sous des atours nonchalants, elle cherche à reprendre le pouvoir. Femme dans un univers d’hommes, elle est bien décidée à marquer l’Histoire de son empreinte
Marie et Thierry Gloris poursuivent la magnifique biographie de Cléopâtre. Superbement mise en image par Joël Mouclier, elle se révèle une pièce maîtresse de la collection Les Reines de sang !
 
En Égypte, Ptolémée XII est seul sur le trône de Pharaon, depuis que sa sœur et épouse Cléopâtre a disparu. Néanmoins le pharaon n'est pas tranquille car le dieu Hâpy lui est apparu en rêve. Il a d'autres raisons d'être inquiet car César, le nouveau maître de Rome, demande à le voir. Avant de s'en retourner sur le Palatin, le général victorieux veut veiller à l'exécution du testament de Ptolémée XII et réinstaller ce trône sa nouvelle protégée. Si Pharaon a l'avantage du nombre, César, bien secondé par Marc-Antoine, est sans conteste le meilleur tacticien de son époque. Quant à Cléopâtre, sous des atours nonchalants, elle œuvre en coulisse pour éliminer son petit mari. L'enfant qu'elle ne tarde pas à porter est désormais un atout mettre dans sa main. Mais si à Alexandrie, elle apprend la gestion du pouvoir; elle ignore qu’à Rome, elle est perçue comme une putain opportuniste qui, pour César est autant un soutien qu'un obstacle à sa grandeur.

S’il est une femme qui, au cours de l'Histoire, a marqué non seulement ses contemporains mais aussi ses successeurs, c'est bien évidemment Cléopâtre. La simple évocation de ce patronyme nous plonge illico dans l'Égypte antique autant qu’à l’âge d'or d’Hollywood et d'Elizabeth Taylor. Il est alors somme toute logique que la pharaonne ait sa place, deux millénaires plus tard, dans la collection destinée aux femmes assoiffées de pouvoir : Les reines de sang. Pour réaliser cette biographie de la grande dame, il fallait des scénaristes talentueux et scrupuleux de la véracité historique. Et qui de mieux que l'historien maison de Delcourt, j'ai nommé Thierry Gloris. Secondée par son épouse, le Bordelais retrace dans cet album la réelle prise de pouvoir, pour ne pas dire le coup d'État, de Cléopâtre. Tout doucement, elle apprend à gouverner mais elle ne règne pas seule. Elle doit composer avec César et les affres de la politique romaine. Si elle n'y prend aucun plaisir, elle comprend vite ce qu'elle peut en tirer et n'hésite pas à faire avec ce que la nature lui a donnée. C'est donc un laps de temps à la fois court et long qui nous est raconté ici. Cléopâtre a renversé son petit époux, elle a pris le pouvoir et donné un fils à César. Malheureusement, à Rome à son statut de déesse n'intéresse personne et elle va devoir lutter pour que cela change. L'épisode est intéressant et surtout majeur dans la vie de la reine. Une nouvelle fois, faute de sources suffisantes, le couple Gloris romance quelque peu. Néanmoins, l'alchimie fonctionne bien car il n'y a pas besoin d'être historien pour se délecter de cette biographie digne des péplums des années 60. D'autant que le trait réaliste de Joël Mouclier est toujours un régal. Qu'il soit dessiné un gros plan ou sur les champs de bataille, chaque personnage est terriblement expressif. Le choix des couleurs, quoique parfois un peu sombres, est toujours judicieux par rapport aux décors à qui, eux aussi, sont extrêmement spectaculaires.

Il n'y a pas à dire, je pense que Cléopâtre, reine des reines, ne renierait certainement pas cette biographie qui la met en valeur tant physiquement qu’intellectuellement.
Et maintenant, il n'y a plus qu'à attendre les deux derniers tomes. Messieurs dames les auteurs, faites vite ; on a hâte !

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