La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Ce tome de Conan flirte avec l’horreur tout en mettant en garde, une fois de plus, l’homme civilisé contre le risque de sombrer dans la décadence. Tout cela est mis en images avec une ambiance sombre et étrange parfaitement adaptée.
 
 
Après le massacre de la troupe à laquelle il appartenait, Conan fuit ses poursuivants en traversant le désert stygien à pieds en compagnie d’une ancienne esclave brythunienne, Natala. Alors qu’ils sont à court d’eau et que Natala n’a plus la force d’avancer, Conan repère une gigantesque et mystérieuse cité qui se dresse en plein milieu du désert.
Les deux fugitifs y pénètrent et ne trouvent qu’un dédale de salles aménagées mais sans habitants visibles. Ce n’est pas tout-à-fait vrai car à leur arrivée ils ont vu le cadavre encore frais d’un homme, mais le plus étonnant est que ce cadavre s’est relevé pour les attaquer. Après une décapitation en bonne et due forme de l’agresseur, Conan et Natala peuvent explorer la cité, ils y trouvent une table chargée de victuailles mais sans aucun convives. Pratiquement morts de faim et de soif, ils n’attendent pas d’invitation pour se sustenter.
 

Ils y découvrent que les rares habitants encore en vie sont tombés dans une décadence totale et qu’une menace bien plus terrible encore se cache dans les profondeurs de la cité.
 
Le point de départ de cette nouvelle est le même que celui des Clous Rouges (tome 7 de cette collection) : Conan et une jeune femme découvrent une étrange cité-palais tentaculaire au milieu de nulle part et doivent faire face aux habitants devenus déments. Ceci est dû au fait qu’Howard a repris « Xuthal la Crépusculaire » pour la retravailler et l’améliorer, ce qui donnera donc les Clous Rouges, considérée comme une des meilleures nouvelles de Conan.
 

Si Xuthal est généralement jugée comme inférieure, elle n’est pas pour autant dénuée d’intérêt : elle offre une véritable incursion dans le domaine de l’horreur avec une créature que Lovecraft n’aurait pas renié. Son traitement de Natala est quant à lui assez singulier, si elle joue pendant la plus grande partie de l’aventure le rôle classique (pour ne pas dire cliché) de la demoiselle peu vêtue en détresse, elle révèle une vraie résilience sur laquelle Conan est bien heureux de s’appuyer à la fin de l’aventure.
Christophe Bec donne une grande place au récitatif, avec de nombreux textes descriptifs. S’ils contribuent à l’ambiance du récit, d’aucuns (dont moi) pourront trouver que ça ralentit la lecture et que ça fait parfois double emploi avec le dessin.
 

D’autant plus que le dessin de Stevan Subic se suffit largement à lui-même pour instaurer une ambiance sombre, exotique, horrifique. Le trait et l’encrage omniprésent rappellent celui de Mike Mignola qui est une référence dans le genre. Mais là où Mignola fait des personnages élancés, tout en lignes droites, ceux de Subic sont tout en courbes : que ce soit les formes généreuses (et très exposées) de Natala ou la musculature impressionnante de Conan (on est plus proche d’un Hulk que d’un Schwarzenegger).
Bref, une histoire simple mais prenante sublimée par un dessin au style affirmé.

x J'aime