La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Un One-Shot magnifique en tous points, qui signe le retour du couple Mangin-Bajram à la SF d'exploration. Une belle réussite pour ce scénario aux clés de lectures multiples mis en valeur par un dessin superbe, aux lignes tendues, avec des couleurs chaudes approprié qui donnent une tension angoissante à l’ensemble du récit.
De toute beauté.

Dans un accès de folie collective, l'équipage d'un vaisseau spatial voit sa mission d’exploration tourner au vinaigre. Plus rien ne peut empêcher le crash sur cette mystérieuse planète océan . Seul Ellis, l’androïde de bord se rend compte de la situation. Le contact brutal avec l’océan aura vite réveillé les esprits des uns et des autres, il seraient tous mort noyés sans l’intervention bienveillante d’immenses pieuvres. Seul Miller n'a pas cette chance et décède lors de l'explosion du vaisseau. Fraîchement débarqués sur la plage d'un atoll et pas encore remis de leurs émotions, les 5 survivants, dont Ellis, font la rencontre d'un étrange comité d'accueil. Des humains vivants rassemblés, sous la forme d'une large tribu primitive, déambulant nu et parlant notre langage. Comment ce peuple d'autochtone, peut-il parler la même langue, et comment peuvent-ils autant nous ressembler ?
La découverte d'une communauté, hagarde, aux coutumes étranges, dont l’existence est tournée vers une seule mission, servir le “Grand Tout”. L’angoisse monte quand les naufragés réalisent que ce peuple accueillant et étrangement docile est aussi cannibale…
Alors qu’un membre de l’équipage se retrouve bientôt comme hypnotisé et enrôlé dans cette sorte de secte, les 4 autres naufragés restant décident de se lancer à la poursuite d'un étrange voleur de sel au visage scarifié, qu'ils ont vu disparaître dans la montagne. Commence alors une exploration qui les entraînera à la rencontre d’autres tribus et à la découverte des profondeurs insoupçonnées de cette civilisation

mystique, une plongée dans les entrailles de ce monde, une descente aux enfers.
Valérie Mangin et Denis Bajram sont de retour pour une belle épopée de science-fiction. Un récit qui prend parfois des tournures très symboliques, renouant avec des schémas anthropologiques identifiables (haut/bas, froid/chaud, paradis/enfer). ils jouent également sur la polysémie de la quête, et nous revoit a des questions sur notre rapport à l’autre et sur le prix à payer pour maintenir notre liberté.
D’un point de vue graphique, c’est superbe, les dessins vertigineux et fouillés ainsi que les choix de couleurs totalement adaptés de Thibaud De Rochebrune nourrissent le récit.
Avec cet épais one-shot, façon planet opéra, le couple Mangin-Bajram revient à la SF d’exploration, en maîtres du genre afin de nous interroger sur le devenir de l'humanité, et sur les conséquences de son expansion homérique. Un récit grandiose construit à la manière d’une fable philosophique qui ne vous laissera pas indifférent.