0

La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Bandeau de l'article Interview Ant Editions

Interview Ant Editions

Bonjour Anton,
C’est avec un grand plaisir que nous allons échanger avec toi sur un projet qui n’en est plus un d’ailleurs, c’est la création de ta maison d’édition Ant Editions. Mais avant de rentrer dans les détails,
Peux-tu nous retracer ton parcours qui t’a amené à te lancer dans cette aventure ?

 

Bonjour, merci tout d'abord à toi pour cette interview !
Eh bien, niveau parcours, rien ne me destinait à partir là-dedans. J'ai fait des études d'Histoire, j'ai bossé dans le journalisme local, l'animation, le secteur culturel (programmateur et régisseur de salle de spectacles puis chargé de communication) et l'associatif (chargé de développement).
Bien sûr, la BD n'était jamais bien loin : d'abord comme lecteur ; puis ensuite en travaillant sur divers web-médias, dont Bulle d'Encre que j'ai co-fondé. C'est d'ailleurs l'expérience Bulle d'Encre qui m'a donné envie de me lancer dans ce projet. Ce média existe depuis plus de dix ans et, au fil du temps, j'ai pris conscience que le monde de la BD tel qu'il existe actuellement est loin d'être si idyllique.
Les autrices et les auteurs ont de plus en plus de difficultés pour s'en sortir financièrement : la moitié gagne moins que le SMIC, un tiers est sous le seuil de pauvreté et pourtant, ils travaillent énormément, dont le week-end et sans réelle protection sociale. Et, si on regarde de plus près, la situation est même pire pour les femmes.
J'ai eu envie de proposer autre chose. D'abord au sein de mon média, Bulle d'Encre. Par exemple, quand on file des coups de main sur l'organisation de salons, nous faisons pas mal de pédagogie auprès de nos partenaires : certains ont encore tendance à penser que l'auteur devrait être reconnaissant d'avoir une pub gratuite en venant sur leur salon ! Nous avons également fait des choix financiers en abandonnant notre activité Boutique : pour qu'elle soit économiquement rentable, il fallait que les auteurs fournissent des visuels, soit gratuitement, soit à de très bas tarifs.  C'était inconcevable pour nous que nos actes ne soient pas du tout en cohérence avec notre discours !
Malgré tout, je trouvais que ce n'était pas suffisant et j'ai eu envie de monter une structure éditoriale qui soit en parfaite adéquation avec ce choix éthique. L'idée d'Ant Editions était née !

Ant Editions annonce une nouvelle politique éditoriale où l’auteur à juste titre reprend le rôle principal. Peux-tu nous développer cette philosophie ? Qu’est-ce que vous allez mettre en place de différent par rapport à ce que nous connaissons déjà ? 

J'ai souvent remarqué que les auteurs passaient une année de leur vie sur un album… et parfois pour rien. Le contrat est signé, l'auteur fait son bouquin, et, dans certains cas, l'album ne sort même pas et, dans d'autres cas, il n'y a pas réellement de communication pour le faire connaître et l'album finit sa vie au pilon.
J'ai donc souhaité mettre en place un tout autre système, qui, dès le début, fonctionne différemment.
A la signature du contrat, il y a d'abord un échange préalable avec les auteurs : le prix, les délais,… Je me vois mal arriver avec un document tout prêt et dire à l'auteur : « Soit tu signes, soit je prends quelqu'un d'autre ».
Ensuite, à partir de là, j'ai préféré ne pas verser d'avances sur droits mais rémunérer l'auteur à la planche, chaque mois. Comme on a pu échanger en amont, il peut plus facilement organiser son planning et, s'il a besoin de faire une pause parce qu'il a une commande urgente à honorer, il peut la faire. Il sait également, lorsqu'il mettra la touche finale à la dernière planche, combien il sera rémunéré au minimum.
Une fois l'album mis en vente, l'auteur touchera des droits dès le premier exemplaire vendu (et dans ce terme générique « Auteur », je pense au scénariste, au dessinateur et au coloriste qui est bien souvent oublié). Ces droits sont de 16 % et augmentent une fois l'album rentabilisé, en passant à 31 %.
Ces choix budgétaires impliquent donc une politique éditoriale plus raisonnée : je préfère ne pas faire dans la quantité et pouvoir ainsi, d'une part financer correctement l'album, et d'autre part le défendre dans la durée et non pas seulement le temps de sa sortie.

 


L’auteur est très souvent la dernière roue du carrosse, alors qu’Ant Editions le place au cœur de son processus en le rémunérant dès le début de son travail et dès les premières ventes. Ma question peut paraitre mercantile mais comment allez-vous dégager les fonds nécessaires et vous organiser pour rémunérer l’auteur, financer les ouvrages sans avoir commencé à commercialiser le produit ?

J'ai fait péter le livret A !
Plus sérieusement, ça fait depuis deux ans que je travaille sur ce projet et j'ai mis de côté pour pouvoir le financer. Je ne souhaitais absolument pas que les auteurs avec qui j'allais travailler se retrouvent le bec dans l'eau si mon projet se casse la figure.
Ça ne m'empêche pas de raisonner sur le moyen terme : je peux faire ça sur le premier bouquin mais ça ne sera pas possible pour le second… Aussi, dès le premier ouvrage, je mettrai en place un système de pré-ventes qui me permettront de me dégager un peu de trésorerie.
Je suis également un fervent défenseur de la culture accessible à tous et l'album pourra même être téléchargé gratuitement sur le site d'Ant Editions.
Les personnes intéressées par ce concept pourront néanmoins faire des dons (j'ai ouvert ainsi un compte Tipeee - https://www.tipeee.com/ant-editions et ce module existe également sur le site), acheter des goodies ou même se procurer l'album « papier ».

Visiblement, le lecteur va prendre une part importante dans votre organisation. Sous quelle forme ? Quels va être son rôle ?

Je suis peut-être un idéaliste mais j'espère que le lectorat, s'il veut soutenir ce type d'initiative et encourager ce système plus juste, va suivre.
Cela peut se faire de façon très modeste : un partage sur les réseaux sociaux, en parler à son libraire, sa médiathèque, une mise en relation avec un journaliste, faire un don symbolique, acheter un petit goodie.
Il sera toujours possible de faire plus : ça peut être la chance de tomber sur un riche mécène (si vous connaissez des stars du foot, je suis preneur) ou d'avoir des lecteurs qui veulent s'impliquer davantage sur le relais d'informations, la diffusion (librairies, médiathèques, entreprises, écoles,…).
Bref, tout est possible selon les envies de chacune et de chacun !

 


Trouver des fonds, imprimer un livre ne sont pas des étapes insurmontables. Le plus difficile est de commercialiser ses ouvrages, les diffuser, les faire connaitre au grand public. Comment allez-vous organiser cette partie ?

Ça sera en effet la partie la plus compliquée (quoi que… la paperasserie, c'est pas mal déjà !). Comme je n'aurai pas un budget de fou pour la communication ni les marges nécessaires pour passer par un diffuseur qui aura pignon sur rue, je compte beaucoup sur le bouche-à-oreille, le Web, les médias… Cette interview en est d'ailleurs le parfait exemple ! Ça me permet de présenter Ant Editions auprès d'un lectorat que je n'aurais probablement pas pu connaître autrement. J'espère que quelques-uns de vos lectrices et lecteurs seront intéressés par ce concept.

Vous avez dans vos tuyaux un premier ouvrage avec un auteur qui n’est pas un novice, à savoir Nicolas Otéro. Comment s’est fait le choix, peux-tu nous en dire un peu plus sur cette rencontre ?

Au départ, Nicolas n'était pas sur ce projet. Je l'avais proposé initialement à Caroline Guillot qui a commencé à faire quelques essais. Elle est très consciencieuse et a constaté que ses projets personnels mais aussi professionnels risquaient de ne pas lui permettre d'assurer le « service après-vente » de l'album (salons, dédicaces, médias,…), d'autant plus que comme c'était le premier d'Ant Editions, ça passait ou ça cassait ! J'ai vraiment apprécié son professionnalisme et j'espère pouvoir travailler avec elle par la suite sur un autre projet… A suivre !
On en arrive donc à Nicolas. J'ai tout simplement passé une annonce sur la page Facebook d'Ant Editions, il s'est montré intéressé. On a échangé sur la philosophie de la maison d'éditions, ce premier album et l'affaire était conclue ! Pour la recherche de la coloriste, il a l'habitude de travailler avec son épouse,
1ver2anes et c'est donc comme ça qu'elle nous a également rejoints sur ce projet.
On ne s'est d'ailleurs pas encore rencontrés en live !

 


RIP – Une histoire mortelle sera le premier titre d’ANT Editions. Quelle va être l’originalité ? Peux-tu nous faire saliver sur ce nouveau projet ?

Ma formation d'historien est pour beaucoup dans ce projet. J'ai toujours aimé les anecdotes amusantes en Histoire et je trouve que c'est un bon point de départ pour présenter des personnages, des époques, des événements,… Certains personnages historiques ont même eu des morts assez drôles (enfin pas forcément pour eux mais pour nous, si) : bingo, l'idée était là !
Chaque personnage sera présenté sur une page et l'histoire se conclura par son décès. Il y aura donc des décès ridicules ou insolites. On trouvera donc une tortue sur un crâne, un linteau de porte, un cochon qui divague, un refus de pause-pipi,… Toutes les époques seront balayées et on voyagera aussi géographiquement. Le lectorat pourra, on l'espère, apprendre quelques trucs tout en se divertissant !

Merci Anton pour cet échange, tous nos vœux de réussite et peut être de collaborations futures avec la Bande Du 9

Encore merci à vous et à bientôt !
 
 

Eric
Chroniqueur
La Bande Du 9


J'aime
1
avatar de Quebeuls
Partager cet article

A propos de l'annonceur

Nom d'utilisateur : LABANDEDU9

Nombre d'article(s) publié(s) : 5001

Visiter le kiosque de LABANDEDU9

Vous aimerez aussi

liotti
massaglia liotti
Retourner en haut de page