La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Malgré ses fanfaronnades, Paul n’arrive plus à cacher sa cinquantaine ! Pire, il se découvre atteint d’andropause. Cette dégringolade du taux de testostérone fait chuter sa vue et sa libido ! Pour Paul et sa réputation, c’est une telle catastrophe qu’il en tombe malade ! Heureusement qu’il peut toujours en parler avec Conrad ! De toute façon, ils ne pourront bientôt plus faire que cela…
Le génial Ralf König s’approprie un sujet masculinement sensible et en fait un album absolument hilarant ! A lire tout âge !
 
Sur Gayromeo, Paul, alias Grandcerf, affiche fièrement ses 36 ans. Dans les conversations, il affirme plutôt avoir 45 ans mais la réalité est ailleurs puisque Paul a … 48 ans. Quant à Conrad, son compagnon, son âge lui explose au visage lorsqu'il veut « simplement » faire réparer son téléphone portable dont la touche 7 ne fonctionne plus. Et puis, un jour, au détour d'une conversation avec une copine, il est question de bouffées de chaleur et d'hypersensibilité, bref de ménopause. Évidemment, Paul ne peut s'empêcher de plaisanter. Plaisanterie qui lui revient comme un boomerang avec un seul mot : Andropause ! Ce simple substantif claque comme une sentence dont la victime est toute désignée : Paul!! De recherches Internet en conversations, l'ancien étalon comprend que la diminution de sa testostérone a des conséquences sur sa physionomie, son humeur et sa vue mais surtout sur sa libido. Horrifié, il en tombe malade ! Heureusement, il peut compter sur Conrad et ses potes pour en parler. De toute façon, ils ne pourront bientôt plus faire que cela...

L'automne dans le pantalon. Derrière cette métaphore se cache une réalité plus crue : l'andropause ! Comment ? Vous ne connaissez pas ce terme médical ? Une nouvelle fois, la misogynie s'exprime à plein puisque l'andropause est l'équivalent masculin d'un phénomène bien connu de tous : la ménopause. Qu'on se rassure, le génial Ralf König va tout vous expliquer. On retrouve donc ces deux personnages fétiches : Paul et Conrad. Petite présentation pour celles et ceux qui ne les connaissent pas encore. Paul et Conrad sont en couple et comme dans tous les couples, les caractères sont différents et les hauts succèdent au bas. Seulement, à l'aube de la cinquantaine, c'est une tragédie que le couple s’apprête à vivre. Je dis tragédie car les références au théâtre grec jalonnent l'album avec des cœurs masqués à l'expression épouvantée. Il est vrai que le sujet n’a absolument rien enthousiasmant. Quel homme, quel couple souhaiterait voir sa libido fondre comme neige au soleil ? En un mot, devenir anorexique du sexe ! Et pourtant, l'artiste trouve le moyen de nous faire rire de ce « petit » problème. Grâce à de mini-histoires, des anecdotes d'une dizaine de pages, le temps qui passe est aussi inéluctable que drôle. Grâce à un certain fatalisme et une bonne dose de sagesse, Paul va accepter de vieillir et ainsi se recentrer sur l'essentiel. En ce qui concerne le dessin, de Ralf König, c'est l’absolu contraire. Avec ce trait caricatural si particulier, je me suis retrouvé jeune lycéen à lire Reiser et son Gros dégueulasse au CDI. Faisant fi des cadres, les vignettes s'enchaînent rapidement ; d'autant que le minimalisme des décors, souvent redondant de vignette en vignette avantage cette célérité. Fidèle à ses habitudes, le dessinateur germanique colorise en noir et blanc. Ce choix lui offre une grande visibilité chronologique : les fonds sombres étant le plus souvent l'apanage des flash-backs.


À l'image de ces personnages, Ralf König a gagné en maturité. Il nous offre un pamphlet hilarant sur les affres du temps qui passe. Et qui passe mal ! Surtout pour les hommes et leur libido ! Un album drôle à mettre entre toutes les mains et tant pis si cela fait mal, le temps que c’est drôle !!

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