La bande du 9 : La communaut du 9ème art

 

À la croisée d'une encyclopédie et d'une utopie, Simon HUREAU nous propose une formidable visite guidée de son jardin, reflet de sa philosophie comme l'indique le sous-titre « Petite genèse d'un jardin biodivers ». On suit en effet le bédéiste à la rencontre de son nouveau jardin de cocagne qu'il va pas-à-pas aménager. À l'heure où les dérèglements climatiques s'offrent à la vue de chacun, l'auteur nous invite à travers son expérience à trouver un équilibre au sein de la nature pour y entretenir notamment la biodiversité.
 

 

Le dosage subtil entre empirisme, logique et pragmatisme conduit l'auteur à cerner que la diversité de la nature implique le respect des écosystèmes de chaque être. Nul plan à la LENÔTRE, nulle domestication de la nature sinon notre propre apprivoisement d'êtres se croyant démiurges de la vie. L'enthousiasme de l'auteur égale alors le nôtre devant l'évolution de son jardin. Effectivement, HUREAU confère à son jardin qui se crée une grâce et une intelligence du vivant propres à enchanter le lecteur, voire à l'inviter à reconsidérer l'importance que chacun peut redonner à tous les êtres. S'il ne se targue pas d'être un éminent spécialiste, sa conception de la vie réconciliera tous ceux qui, à leur niveau, cherchent à contrer les produits biocides et la gabegie de la monoculture sans pour autant verser dans une entreprise de bobo béatifiant.
 

Avec humour, il sait s'adapter aux contingences de la vie comme lorsqu'il s'accommode des félins assassins de volatiles, ou qu'il s'insurge contre les parpaings végétaux que sont pour lui les haies vides de toute vie telles que les thuyas. Astucieusement, il aménage avec simplicité des pierres ou des fagots et reconstitue des biotopes, sources de vie. Avec pédagogie, il nous invite à reconsidérer notre environnement qu'il s'agisse des soi-disant nuisibles, utiles en réalité, ou des mauvaises herbes, merveilles de la nature qui contribuent à son harmonie. Dans son nouvel éden, Simon HUREAU démontre que tout peut être source d'admiration quotidienne, qu'il s'agisse des hannetons colorés ou du chevreuil égaré sur son terrain. Nulle question de rendement ou de rentabilisation de l'espace ; seule compte l'expérience du vivant qui, par l'osmose permise, nous rappelle notre nature profonde.

À l'instar des peintres paysagistes, HUREAU fait fi de la hiérarchie des genres, et sublime celui du jardin et des natures qu'on qualifie de mortes alors que la vie en jaillit pourtant. Les planches aux tons pastel décrivent avec réalisme et poésie oiseaux, plantes ou insectes pour lesquels l'auteur s'improvise entomologiste en herbe. Ce faisant, HUREAU parvient à allier des descriptions objectives dans un univers naïf, revenant à l'étymologie du terme qui renvoie au caractère naturel de quelque chose. La beauté des planches rappelle par mimétisme celle de la vie à qui il permet de revenir dans son havre. Cette bande-dessinée ravira tou·te·s les enthousiastes devant le spectacle de la nature y compris les néophytes du jardinage, et saura marquer assurément tou·te·s ses lecteur·rice·s. L'Oasis fait partie de ces œuvres qui restent en tête tant elle marque par son intelligence de la nature et la magnificence de ses planches ; c'est un très bel album qui souffre simplement d'être entaché par une coquille dès la première vignette…
 

Lydie et Nicolas

 

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