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La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Bandeau de l'article La chambre des officiers

La chambre des officiers

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La chambre des officiers

D’après l’œuvre de Marc Dugain
Scénario : Philippe Charlot
Dessin : Alain Grand
Couleurs : Tanja Cinna-Wenisch
Éditions : Grand Angle

 
Dès le premier jour de la guerre, le lieutenant Adrien Fournier est défiguré par un bombardement allemand. Il va passer 5 ans à l’hôpital pour apprendre à vivre avec son visage. 5 ans à se préparer au regard des autres. 5 ans à penser à la femme qu’il aime.
Une magnifique adaptation pleine de justesse et d’émotions du non moins excellent roman de Marc Dugain.
 

Jeune ingénieur des Arts et Métiers, Adrien Fournier s'engage dès 1914 dans le 6e régiment du génie. Il prend la tête d'un détachement chargé de détecter les sites favorables pour l’installation de ponts mobiles. Quelques heures avant son départ pour la Meuse, il fait la rencontre de Clémence sur le quai de la gare. Ensemble, ils passent leurs derniers instants de bonheur avant que la guerre ne les dévore. Sur ce qui n'est pas encore le front, Adrien est la première victime de cette guerre : le premier obus allemand fauche ses aides de camp et blesse Adrien au visage. Défiguré, le jeune officier est transféré au Val de Grâce. Avec d'autres "gueules cassées", il va passer 5 ans reclus à l'hôpital. 5 ans à réapprendre à vivre au rythme des opérations. 5 ans d'amitié, de rire et d'angoisse. 5 ans de « reconstruction » à se préparer un avenir. 5 ans à penser à Clémence qui l’a connu avec sa gueule d'ange.

Mais pourquoi donc adapter en bande dessinée un roman (lui-même déjà primé) alors qu'une adaptation cinématographique (également récompensée) a déjà été réalisé. Les esprits chagrins diront que c'est pour profiter de la notoriété et assurer à la maison d'édition des chiffres convaincants. Les plus mesurés diront que le public visé n'est pas le même et qu'une œuvre patrimoniale de cette puissance mérite d'être découverte par le plus grand nombre. Si tout le monde a raison, je préfère émettre l'hypothèse que le 9e art apporte un regard neuf sur cette œuvre, une sensibilité et une intensité propre à ce support. Pas grand-chose à dire sur le scénario qui reprend l'œuvre de Marc Dugain. C'est comme cela que nous sommes plongés dans la face obscure de la Der des Der. On suit les débuts sous l'uniforme du lieutenant Adrien Fournier, jeune ingénieur des Ponts et Chaussées envoyé sur la Meuse afin de déterminer les meilleurs endroits pour installer des ponts mobiles. Il sera le premier blessé de cette guerre pas encore mondiale. Le point fort de ce début d'histoire, c'est le choix d'une focalisation interne. Adrien est blessé et il le sait. Il entend le jargon médical et il a bien conscience de la gravité de son état. Mais à aucun moment il ne sait véritablement à quoi il ressemble ; si ce n'est à travers le regard des médecins et de ses visiteurs. L'hôpital du Val De Grace ayant exfiltré tous les miroirs, il faut attendre la fin du premier quart de l'histoire pour retrouver une narration plus habituelle. Tout doucement, les souvenirs en flashback du beau lieutenant, notamment avec la jeune et jolie Clémence, laissent place à des scènes d'une vie plus quotidienne. Une vie où toutes les "gueules cassées" réapprennent à vivre, où l'amitié, l'humour et l'entraide sont les meilleurs moyens d'oublier les douleurs physiques et mentales qui les torturent. Une vie pour se reconstruire et se préparer autant à l'avenir qu'aux regards des autres. Bien qu'on ait tous entendu parler des mutilés de guerre, ne serait-ce qu'à l'école, on est totalement surpris par la réaction de leurs contemporains. Cette gêne, pour ne pas dire cette honte, qu’éprouvent les passants au passage d'Adrien et de ses semblables est magistralement mise en avant par le dessin d'Alain Grand. Grâce à un trait semi-réaliste, le dessinateur des Enfants de la liberté ne cache rien des mutilations. Pire, il marque la laideur des plaies et des blessures par l'opposition à la beauté des visages des soignants. Loin de tomber dans la pitié, on se sent proche de ces défiguré en tant qu'êtres humains comme les autres. On partage leur incompréhension face au dégoût qu’inspire ces héros de guerre et on est heureux pour eux lorsqu'enfin ils reprennent goût à la vie.

La chambre des officiers est une œuvre qui marque et cette adaptation ne fait pas exception. Une œuvre de mémoire incontournable à mettre entre toutes les mains.


Cédric
Chroniqueur
La Bande Du 9


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