La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Scénario et couleurs : Mahi GRAND
Éditions : Dargaud

Cette œuvre adaptée d’une nouvelle de Franz KAFKA offre une réflexion intéressante sur notre anthropocentrisme grâce au témoignage d’un ancien membre de l’espèce simiesque.
 

La bande-dessinée s’ouvre aux États-Unis avec un personnage distingué aux traits simiesques qui répète le discours qu’il doit tenir à une assemblée d’académiciens pour y raconter son parcours d’humanisation. Il y narre alors sa capture dans la jungle, puis son transport encagé dans le bateau où il a côtoyé pour la première fois les humains, jusqu’à son dressage dans un cirque avant de rejoindre le music-hall. Effectivement, pour recouvrer sa liberté, il a accepté de s’assujettir quitte à effacer le singe qu’il fut. Son discours retrace ainsi avec clarté et cynisme son apprentissage d’abord fondé sur le mimétisme sans pour autant verser dans des singeries. Dès lors, par l’entremise des marins qu’il a rencontrés sur le bateau qui l’amène vers la société humaine et des professeurs qui ont nourri sa soif de connaissances, il a pu découvrir progressivement cette humanité qui l’avait dénaturé : une société elle-même déshumanisée moralement, et qui n’accorde de valeur aux êtres que s’ils sont suffisamment argentés.
 

 
Cette œuvre accessible est structurée en chapitres en tête desquels des épigraphes entament notre réflexion quant au peu de relativisme dont nous sommes capables, ou la réversibilité de notre nature voire de notre animalité. Par ailleurs, les dessins, précis avec des scènes riches de détails, sont souvent teintées d’humour. Le choix pertinent de couleurs vives complète ce beau travail comblant ainsi le lecteur. Quant à la mise en page, Mahi GRAND a eu la bonne idée de proposer plusieurs doubles-pages permettant d’embrasser des cadres panoramiques qui laissent voir les étapes du cheminement humanisant de celui qui n’est nommé que « monsieur », et qui dispute en sagesse les plus grands académiciens auxquels il s’adresse. Ces doubles-pages sont aussi l’occasion d’offrir à nos yeux la binarité entre l’état de singe dans lequel il est né et celui d’humain vers lequel il a tendu.
 

L’histoire, si elle est simple, n’en est pas moins riche de réflexions à l’instar des épigraphes telles « On est tous le monstre de quelqu’un. », ou « L’humanité est une entreprise surhumaine. » (Jean GIRAUDOUX), et ne manquera pas d’enthousiasmer les plus jeunes comme les adultes.

Lydie et Nicolas
 

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