La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Hedy Lamarr fut la plus belle femme du monde. Actrice à l’âge d’or d’Hollywood, elle fit scandale grâce au film Extase autant que pour le nombre de ses liaisons. Mais derrière la façade, William Roy et Sylvain Dorange dresse la biographie d'une femme extrêmement intelligente, une pionnière du Wifi moderne qui sombra dans l’oubli collectif.
Une superbe biographie d’une grande dame du XXe siècle.
 
 À Vienne, lorsqu'elle était petite, tout le monde remarquait la grande beauté de la petite Hedwig Kiesler. En grandissant, elle y ajoute l'intelligence et la finesse. C'est ainsi qu'elle réussit à convaincre ses parents de la laisser devenir comédienne, seulement si elle le faisait sérieusement et qu’elle prenait des cours de théâtre. Pour son premier film, elle décroche le premier rôle dans Extase, et secoue ainsi tout ce que l'Autriche et l'Europe compte de bien-pensants. Face à la cour assidue que lui font certains hommes, elle cède à Fritz Mandl, le marchand d'armes pourtant proche des nazis. Rapidement, la belle se rend compte que ce mariage est une prison dorée. Malgré les menaces de son mari, elle réussit à quitter l'Europe pour les États-Unis où son physique attire immédiatement les regards du patron de la MGM.  C’est ainsi qu'elle devient Hedy Lamarr, la plus belle femme du monde. Elle enchaîne les succès presque aussi rapidement que les amants. Pour beaucoup, elle n'est rien d'autre que cette belle plastique, ignorant ainsi la face cachée d’Hedy ; celle d'une inventrice talentueuse dont le travail ne sera reconnu que de nombreuses années plus tard ; celle d'une pionnière du wifi.

Hedy Lamarr a son étoile sur Hollywood Boulevard. Malheureusement, comme de nombreuses autres artistes, sa vie et son œuvre ont quelque peu été oubliés. Cette amnésie, William Roy tente de la soigner grâce à cette superbe biographie. Il faut dire que le personnage méritait quelque chose à la hauteur de sa beauté et de sa vie. C'est ainsi qu'on découvre la jeune, la très jeune Hedwig Kiesler lors de ses 5 ans, dans le Vienne de 1919. Déjà, les gens ne voyait d'elle que sa beauté alors qu'elle, elle adorait inventer divers objets, avec son banquier de père. Plus tard, elle secoua le cinéma européen en étant la première à simuler un orgasme à l'écran dans Extase. Fuyant la montée nazie autant qu'un mari possessif, elle émigre aux États-Unis où la MGM fera d'elle la plus belle femme du monde mais certainement pas l'actrice à la hauteur de son talent. En effet, Hedy Lamarr gardera l'étiquette d'une croqueuse d'hommes autant qu’un somptueux trophée pour misogyne. C’est omettre la grande intelligence de la jeune femme, dépassant certainement celle des hommes qu'elle a côtoyé. Elle fut, avec le compositeur George Antheil, l'une des pionnières du wifi actuel !
Si William Roy fait le choix d'une biographie linéaire, il ne cache en rien cette complexité. Au contraire, il montre les blessures qu’a dû ressentir la belle de n’être considérée que pour sa plastique parfaite. De son côté, Sylvain Dorange construit un album adéquation avec l'âge d'or d’Hollywood : grands aplats de couleur, nez fins et construction 3 strips. Cela ne manque ni d'élégance ni de finesse et confère à la lecture beaucoup de dynamisme. D'autant que, ponctuellement, le dessinateur vient rompre ce rythme par de magnifiques grandes planches, jouant alors avec sur le cadre et les couleurs vives.

Avec cette Plus belle femme du monde, la bande dessinée rend hommage à une grande, une très grande dame du XXe siècle quelque peu oubliée. Un album d'une extraordinaire modernité, à lire pour relativiser notre société du paraître.

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